L'UE veut sanctionner la "traite" de migrants orchestrée par Minsk

Publié le 9 déc. 2021 à 06:40 Modifié le 29 sept. 2022 à 17:31

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Crédit Photo : Autre Presse

L'Union européenne a annoncé mardi sa décision de sanctionner les entreprises "complices" de l'acheminement de migrants à ses frontières, orchestré selon les Occidentaux par le président du Bélarus Alexandre Loukachenko.

L'Union européenne a annoncé mardi sa décision de sanctionner les entreprises "complices" de l'acheminement de migrants à ses frontières, orchestré selon les Occidentaux par le président du Bélarus Alexandre Loukachenko.


"L'Europe n'est pas confrontée à une crise migratoire, mais à une tentative de déstabilisation par un régime totalitaire non reconnu par l'UE", a accusé la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen devant le Parlement européen à Strasbourg.


"C'est toute l'Union qui est défiée", a-t-elle insisté. "Nous ne pouvons pas admettre cette tentative d'intimidation", a renchéri le président du Conseil Charles Michel.


L'Union européenne a décidé de riposter sur plusieurs fronts : sanctions, aide humanitaire, pressions diplomatiques et soutien aux retour des migrants dans leurs pays d'origine.


"La majorité de la flotte de la compagnie Belavia est constituée par des avions loués à des entreprises de l'UE", a souligné Charles Michel. "Une décision va être prise pour y mettre fin. Elle est imminente", a-t-il affirmé.

La Commission européenne a pour sa part annoncé avoir déposé une proposition de loi pour sanctionner "les sociétés complices de traite et de trafic de migrants".

- "Cynisme" -

"La stratégie du régime du Bélarus repose sur la complicité des voyagistes et de leurs intermédiaires. Il existe des agences de voyages spécialisées qui proposent des offres tout compris : visa, billet d'avion, hôtel et de manière assez cynique taxis et bus jusqu'à la frontière", a expliqué Ursula von der Leyen.

"Ces migrants sont trompés par des fausses promesses infâmes", a-t-elle accusé. 


"C'est pourquoi nous proposons d'établir une liste noire pour tous les moyens et modes de transport, sur la base de la législation internationale sur la traite et le trafic de migrants", a-t-elle annoncé.


"Cette proposition devra être adoptée en co-décision par les Etats et le Parlement", a-t-elle précisé.

Ce cadre juridique permettra de sanctionner les opérateurs de pays tiers complices de l'acheminement des migrants par air, terre ou mer en limitant leurs opérations dans l'UE, en suspendant les licences et les autorisations, en interdisant le survol de l'UE, le transit et même les escales techniques, a expliqué le vice-président de la Commission Margaritis Schinas.


Mais l'urgence est aussi de venir en aide aux migrants "piégés" au Bélarus, a-t-il dit. Ils sont près de 15.000, dont 2.000 aux frontières avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie, selon lui.

Une enveloppe de 700.000 euros a été allouée à l'aide humanitaire par l'UE. "Le Bélarus doit garantir un accès durable aux agences internationales et respecter la convention de Genève qui interdit le refoulement", a-t-il averti.


En outre, 280 millions d'euros ont été accordés aux trois pays en première ligne - Pologne, Lituanie, Lettonie - pour assurer la protection de leurs frontières avec le Bélarus, car il s'agit de la frontière commune de l'UE, a-t-il rappelé.


Une action diplomatique est en outre menée auprès des pays d'origine et des partenaires de l'UE pour rapatrier les migrants, essentiellement originaires du Moyen-Orient, et éviter l'utilisation de leurs compagnies pour les acheminer au Bélarus.


L'Irak a déjà repris 432 personnes et 600 autres retours sont prévus. L'UE a prévu un million d'euros pour aider ces retours et réinstallations, a précisé le commissaire Schinas.

- "Afflux sous contrôle" -

"Je pense que nous pouvons considérer l'afflux sous contrôle", a jugé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "Mais nous sommes prêts à prendre plus de sanctions contre tous ceux qui participent à ce trafic de personnes", a-t-il averti.


Les mesures annoncées mardi constituent le cinquième paquet de sanctions adopté par l'UE depuis la réélection contestée d'Alexandre Loukachenko en août 2020 et la répression de l'opposition.


Le président et 165 responsables du régime bélarusse sont interdits de visas et leurs avoirs dans l'UE sont gelés.

Des sanctions économiques adoptées en juin frappent les secteurs de la potasse, du pétrole, du tabac et les compagnies aériennes du Bélarus sont interdites dans l'espace aérien et les aéroports de l'UE.