Le patron de Frontex se défend devant les eurodéputés, Bruxelles maintient la pression

Publié le 4 mars 2021 à 18:14 Modifié le 19 sept. 2022 à 23:43

  • Le patron de Frontex se défend devant les eurodéputés, Bruxelles maintient la pression

Le patron de Frontex a souligné jeudi devant des eurodéputés qu'aucune "preuve" d'une implication de l'agence de surveillance des frontières de l'UE dans des refoulements illégaux de migrants n'avait été établie par une enquête, mais Bruxelles a réitéré ses critiques.

Le patron de Frontex a souligné jeudi devant des eurodéputés qu'aucune "preuve" d'une implication de l'agence de surveillance des frontières de l'UE dans des refoulements illégaux de migrants n'avait été établie par une enquête, mais Bruxelles a réitéré ses critiques.


Ce rapport interne, qui doit être examiné vendredi par le conseil d'administration de Frontex et consulté mercredi par l'AFP, n'a pas permis de "clarifier complètement" les circonstances de plusieurs incidents au cours desquels des refoulements de migrants auraient eu lieu. Il préconise d'ailleurs d'améliorer le système de signalement et de surveillance des missions de l'agence. 

"Il n'y a pas eu de faits étayés ou prouvés pour aboutir à la conclusion que Frontex aurait participé ou se serait livrée à des violations des droits fondamentaux", a déclaré son directeur exécutif, Fabrice Leggeri, devant un groupe d'eurodéputés qui a ouvert sa propre enquête sur ces incidents.


L'agence est montrée du doigt depuis la publication en octobre 2020 d'une enquête de plusieurs médias l'accusant d'être impliquée avec les garde-côtes grecs dans des incidents de refoulement de bateaux de migrants à la frontière entre la Grèce et la Turquie. Ces accusations ont également entraîné une enquête du gendarme européen antifraude, l'Olaf, ainsi que de la médiatrice de l'UE.

La Commission européenne, membre du conseil d'administration de Frontex aux côtés des 27 Etats membres, s'est montrée critique sur la gestion de l'agence, fustigeant notamment la lenteur du recrutement des officiers chargés de surveiller le respect des droits fondamentaux et des agents devant constituer le nouveau contingent permanent.


Créée en 2004, Frontex a vu son mandat renforcé en 2019. Elle doit se doter d'agents en uniforme et armés, employés directement par l'agence, et non plus mis à disposition provisoirement par les Etats membres. Le directeur exécutif a notamment dit qu'un officier et 40 "moniteurs" chargés de veiller au respect des droits fondamentaux étaient en cours de recrutement et que 300 officiers du contingent permanent étaient déployés sur le terrain ou allaient l'être la semaine prochaine.


La commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson a toutefois souligné que 700 officiers auraient dû être déployés en janvier.  Elle a aussi estimé que les "clarifications" sur les accusations de refoulements n'avaient que "trop tardé", et que ce délai n'était "pas bon pour la réputation et la confiance" dans Frontex. "Une agence de première classe a besoin d'une gouvernance de première classe", a-t-elle poursuivi, se réjouissant toutefois d'"entendre que beaucoup de choses sont en train d'être réglées".


Si des eurodéputés à gauche ont demandé la démission de Fabrice Leggeri, la droite française au Parlement européen a quant à elle pris la défense du patron de Frontex.

Dans une lettre adressée le 26 février à la responsable suédoise, le président de la délégation française du groupe PPE (droite) François-Xavier Bellamy lui a demandé des "justifications solides et vérifiées" à ses "accusations", dénonçant une "tentative de déstabilisation" du chef de Frontex et "un procès politique".