Liban: démission du chef de la diplomatie après ses propos ayant froissé le Golfe

Publié le 19 mai 2021 à 09:00 Modifié le 28 juin 2022 à 20:12

  • Liban: démission du chef de la diplomatie après ses propos ayant froissé le Golfe

Le chef de la diplomatie libanaise Charbel Wehbé a quitté le gouvernement mercredi après des propos qui ont provoqué la colère des monarchies du Golfe, le ministre libanais les ayant accusées de liens avec le groupe Etat islamique (EI).


Le chef de la diplomatie libanaise Charbel Wehbé a quitté le gouvernement mercredi après des propos qui ont provoqué la colère des monarchies du Golfe, le ministre libanais les ayant accusées de liens avec le groupe Etat islamique (EI).

 

Reçu par le président Michel Aoun dont il est proche, M. Wehbé a demandé à être "déchargé de ses fonctions et de ses responsabilités", a-t-il indiqué dans une courte déclaration depuis le palais présidentiel.

 

Il a justifié son départ en pointant du doigt "les derniers développements (...) qui ont accompagné mes déclarations télévisées", assurant qu'il ne souhaitait pas que l'incident soit "utilisé pour nuire au Liban et aux Libanais".

 

Lundi soir lors d'un débat sur une chaîne américaine en langue arabe, Charbel Wehbé avait fait allusion aux riches monarchies conservatrices comme responsables de la montée en puissance de l'EI. Il avait quitté le plateau furieux en lançant à son interlocuteur saoudien qu'il n'acceptait pas de "se faire insulter par un bédouin".

 

L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn mais aussi le Koweït a convoqué le lendemain les ambassadeurs ou chargés d'affaires du Liban sur leur territoire, et le secrétaire-général du Conseil de coopération du Golfe a fustigé les déclarations du ministre libanais.

 

Dans un communiqué, Ryad a ouvert le bal des critiques et "exprimé son rejet et sa condamnation" des "déclarations honteuses" du ministre. Les relations saoudo-libanaises sont tendues ces dernières années, Ryad déplorant notamment l'influence régionale du mouvement chiite Hezbollah, l'allié de son grand rival iranien.

 

L'affaire est d'autant plus embarrassante pour le Liban que ses responsables ne cachent pas dans leurs discours miser sur une potentielle aide financière du Golfe pour relancer une économie moribonde dans le pays en plein effondrement.

 

Le gouvernement actuel, chargé uniquement des affaires courantes, est lui-même démissionnaire. Il avait rendu son tablier quelques jours après l'explosion du 4 août au port de Beyrouth qui a fait plus de 200 morts et ravagé des quartiers entiers de la capitale.

 

Plus de neuf mois après ce drame, le Premier ministre désigné Saad Hariri n'arrive toujours pas à former un nouveau gouvernement, les principales forces politiques du pays restant absorbées par des marchandages interminables.