Angela Merkel a qualifié lundi d'"amère" la situation en Afghanistan et jugé que la décision du retrait des troupes occidentales avait été prise par les Etats-Unis, entre autres, "pour des raisons de politique intérieure".
"Il y a eu un effet domino après le retrait des troupes", a déclaré la chancelière allemande au cours d'une réunion à huis clos devant les cadres de son parti, l'Union démocrate-chrétienne allemande (CDU), selon des propos rapportés à l'AFP par des participants.
Elle a ajouté que la responsabilité du retrait militaire occidental revenait aux Etats-Unis, ont poursuivi ces sources.
"Nous avons toujours dit que nous resterions aussi si les Américains restaient", a-t-elle souligné.
Mais la chancelière a aussi exprimé une certaine compréhension de la décision prise par Joe Biden, relevant que les Etats-Unis avaient payé un lourd tribut sur le plan humain en Afghanistan.
Samedi, le président américain avait défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre en Afghanistan, estimant qu'"une année ou cinq années de plus de présence militaire américaine n'aurait fait aucune différence, quand l'armée afghane ne peut ou ne veut pas défendre son propre pays".
"Je suis le quatrième président à mener une présence militaire américaine en Afghanistan -deux Républicains, deux Démocrates", avait-il ajouté, "je ne lèguerai pas cette guerre à un cinquième".
"Pour tous ceux qui ont tenté d'oeuvrer au progrès et à la liberté" dans ce pays "surtout les femmes, ce sont des événements amers", a jugé pour sa part Mme Merkel à propos de la prise du contrôle de l'Afghanistan par les talibans.
A présent, "de nombreuses personnes vont vouloir quitter le pays", a ajouté Mme Merkel, promettant de faire de son mieux pour les aider ainsi que les ONG qui les soutiennent.
L'Allemagne, pour ce qui la concerne, a identifié 2.500 personnes sur place qui pourraient être évacuées, essentiellement des Afghans et des membres de leurs familles ayant travaillé avec l'armée allemande.
A ce chiffre, s'ajoute une liste de 2.000 autres personnes, avocats et défenseurs des droits de l'homme, qui ont également exprimé le souhait de partir. En comptabilisant les membres de leurs familles, leur nombre grimpe à 10.000, a dit Mme Merkel.
En Allemagne, les critiques à l'égard du retrait militaire occidental enflent.
L'ancien ministre des Affaires étrangères Joschka Fischer a parlé lundi d'"erreur".
"Je n'aurais pas tablé sur une telle décision de se retirer dans la précipitation", a dit l'ancien ministre, en poste au début de l'intervention de l'Otan en 2001. "Nous en voyons les conséquences aujourd'hui", a déploré l'ex-ministre écologiste.
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