Le président bissau-guinéen est arrivé en Ukraine mardi 25 octobre et a passé la nuit à Kiev. Il avait auparavant posé le pied en Russie et avait rencontré le président russe Vladimir Poutine. « Ce n'était pas négociable que j'aille en Russie sans aller voir mon frère en Ukraine », a assuré Umaro Sissoco Embalo.
Dans la matinée de mercredi le président Embalo a visité des sites bombardés avant d'être reçu par son homologue Volodymyr Zelensky. À l'issue de leur entretien, Umaro Sissoco Embalo a fait part de son émotion après avoir vu les destructions et les fosses communes : « J'ai été choqué quand j'ai vu les destructions, les fosses communes que vous m'avez montrées dans quelques zones où il y avait d'intenses bombardements. »
Mais il a insisté sur le fait qu'il ne souhaitait pas choisir entre la Russie et l'Ukraine, des pays amis et des partenaires tous les deux. Des pays frères, entre lesquels il souhaitait avoir fait office de facilitateur, au nom de la Cédéao mais aussi de toute l'Afrique. « Je porte la voix de tout le continent africain préoccupé par la paix et la stabilité dans votre région », a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune, soulignant que la conversation avait été longue la veille avec Vladimir Poutine qui, selon le dirigeant bissau-guinéen, souhaiterait un dialogue direct entre la Russie et l'Ukraine.
« L'Afrique veut rapprocher ces deux pays frères. Ce ne sont pas juste les engrais et les céréales dont l'Afrique a besoin », a insisté Umaro Sissoco Embalo, ajoutant qu'elle demandera à Vladimir Poutine de libérer les 190 bateaux sous inspection en haute mer. De son côté, Volodymyr Zelensky a remercié les Etats africains qui ont condamné les annexions russes lors de l'Assemblée générale des Nations unies, au début du mois.
Les deux chefs d'État s'étaient déjà parlé en août, en visioconférence. Le président ukrainien avait alors souhaité rencontrer son homologue bissau-guinéen au plus vite. Son ministre des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, s'est quant à lui rendu au début du mois à Abidjan et à Dakar.
Plusieurs pays africains affichent une neutralité, dans la guerre en Ukraine. Il y a une quinzaine de jours, lors d'un nouveau vote à l'ONU, une vingtaine de pays du continent se sont abstenus. Kiev cherche donc des appuis en Afrique, où la Russie entretient des relations historiques avec plusieurs États.
Lundi à Moscou, devant Vladimir Poutine qui l'a reçu pendant deux heures, Umaro Sissoco Embalo s'est présenté comme l'ambassadeur d'un dialogue de paix « entre deux frères ». Il a aussi plaidé pour une solution à la crise des engrais, qui pénalise en particulier l'Afrique. Le président bissau-guinéen a toutefois certifié, en Ukraine, qu'il n'y a « aucune ambiguïté dans (sa) mission ». La Guinée-Bissau a condamné les annexions russes à l'assemblée générale des Nations unies.
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