Alors que le camp de M. Lula craignait que le chef de l'Etat sortant refuse de reconnaître sa défaite, avec des conséquences potentiellement délétères pour la première économie d'Amérique latine, des partisans de M. Bolsonaro bloquaient des axes routiers partout à travers le pays.
A Brasilia, la sécurité a été renforcée "de façon préventive" près de la Place des Trois Pouvoirs, qui rassemble le Palais présidentiel, la Cour suprême et le Parlement, en prévision de la possible arrivée de manifestants pro-Bolsonaro.
Après avoir perdu dimanche d'extrême justesse face à M. Lula (50,9%-49,1%), le chef de l'Etat en exercice - jusqu'à la passation de pouvoir le 1er janvier - s'était isolé dans sa résidence officielle d'Alvorada à Brasilia.
Il s'est rendu lundi matin au Palais du Planalto, le siège de la présidence, puis est revenu dans l'après-midi dans sa résidence, sans faire la moindre déclaration, a constaté un photographe de l'AFP.
Ce lourd silence, dont Lula avait dit être "inquiet" dès dimanche soir, rappelait à beaucoup de Brésiliens que Jair Bolsonaro avait maintes fois menacé de ne pas reconnaître le verdict des urnes s'il perdait.
Anticipant déjà des difficultés, Lula avait souhaité dimanche que "le gouvernement (sortant) soit civilisé" et comprenne qu'"il est nécessaire de faire une bonne passation de pouvoir".
Ce climat d'incertitude se reflétait dans la volatilité de la Bourse de Sao Paulo, la première place financière d'Amérique latine, qui, après avoir ouvert dans le rouge, a clôturé sur une hausse de 1,36%, après de nombreuses variations en cours de séance. Le real brésilien a gagné plus de 2% par rapport au dollar.
Bolsonaro "a été enlevé de son trône par la force, et on va le remettre au pouvoir avec la force qui est la nôtre, nous, le groupe des camionneurs", a dit à l'AFP Ezequias, un chauffeur routier de 40 ans qui n'a souhaité donner que son prénom.
Il prenait part lundi au blocage de l'autoroute entre Rio de Janeiro et Sao Paulo, la capitale économique, à Barra Mansa (sud-est), sans qu'il soit possible de savoir si le mouvement était spontané ou coordonné.
La période de transition a démarré de manière tendue lorsque des camionneurs et des manifestants pro-Bolsonaro ont bloqué des autoroutes dans au moins 11 Etats du pays lundi, brûlant des pneus et stationnant des véhicules au milieu de la route pour interrompre le trafic.
Vêtus du jaune et du vert du drapeau brésilien -- que le président sortant a fait sien -- les manifestants brandissaient des pancartes pro-Bolsonaro et chantaient l'hymne national, avant d'être progressivement dispersés par les autorités dans certaines régions.
Lundi soir, le juge de la Cour suprême Alexander de Moraes a ordonné à la police de disperser immédiatement les barrages. Il agissait en réponse à la demande d'une fédération de transport qui se plaignait que cela nuisait à leurs affaires.
Le chef de la police routière fédérale, Cristiano Vasconcellos, a déclaré à la radio CBN que des barrages avaient été dressés "dans tout le Brésil". Il a ajouté que les forces de l'ordre en avaient dégagé certains, mais a prévenu que la tâche était difficile: "nous en libérons un, et un autre se forme", a-t-il dit.
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