Le député de La France insoumise (LFI, gauche radicale), Carlos Martens Bilongo, noir et d'origine congolaise, évoquait dans l'hémicycle le "drame de l'immigration clandestine", lorsque le député du Rassemblement national (RN, extrême droite), Grégoire de Fournas, a prononcé ces mots. Plusieurs députés affirment eux avoir entendu "Retourne en Afrique".
Après quelques minutes de confusion, la présidente de l'Assemblée a mis fin à la séance "compte tenu de la gravité des faits" et de "l'émotion légitime" de l'Assemblée. De telles interruptions de séance sont rarissimes.
Ces propos ont fait réagir au plus haut sommet de l'Etat. Le président français Emmanuel Macron s'est dit "heurté par ces mots qui dans l'hémicycle comme hors de l’hémicycle sont intolérables" et a apporté son "soutien au parlementaire insulté", selon son entourage.
"Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a réagi la Première ministre Elisabeth Borne, en indiquant que "naturellement", le bureau de l'Assemblée nationale "devra prendre des sanctions".
Le groupe RN affirme que le député parlait d'un "bateau" de migrants mentionné dans la question, et "en aucun cas" de M. Martens Bilongo.
La cheffe de file du groupe et ancienne candidate à l'élection présidentielle, Marine Le Pen, a-t-elle défendu ces propos et dénoncé une polémique "grossière" des "adversaires" du RN.
M. de Fournas, soutenu par son groupe, a admis devant la presse avoir prononcé ces mots : "Qu'il retourne en Afrique". Mais il a catégoriquement nié tout caractère raciste, parlant d'une "manipulation de LFI "visant à lui prêter des "propos dégueulasses".
"Quand le député de La France insoumise parlait du bateau de l'ONG venant en aide aux migrants, SOS Méditerranée, qui ne parvenait pas à accoster sur les côtes européennes, j'ai répondu +qu'il retourne en Afrique+. Qu'il, le bateau, retourne en Afrique", a-t-il assuré.
Carlos Martens Bilongo s'est dit lui "tellement triste": "C'est honteux d'être renvoyé à sa couleur de peau aujourd'hui".
"Aujourd'hui l'extrême droite a montré son vrai visage", a estimé de son côté la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée Mathilde Panot. "Nous allons demander la sanction la plus forte, l'expulsion pour plusieurs mois" de ce député.
La plus haute instance collégiale de l'Assemblée se réunira vendredi à 14H30 (12H30 GMT) pour décider des sanctions.
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