Le président français Emmanuel Macron a dénoncé une "odieuse attaque" dont "les Kurdes de France ont été la cible" et, à sa demande, le préfet de police de Paris recevra samedi matin les responsables de la communauté kurde.
Ces derniers ont par ailleurs annoncé une manifestation à la mi-journée à Paris.
Les faits ont eu lieu rue d'Enghien, au niveau d'un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant animé et prisé de la communauté kurde.
L'auteur présumé des coups de feu, qui a déjà commis des violences avec arme par le passé, a été interpellé peu de temps après le drame et placé en garde à vue.
Aucun détail n'a fuité sur le profil des victimes, qui n'étaient pas "connues des services français", a indiqué le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Une enquête a été ouverte pour assassinat, tentative d'assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législation sur les armes.
Le tireur présumé, légèrement blessé au visage lors de son arrestation, est connu de la justice.
Il a été condamné en juin dernier à douze mois d'emprisonnement pour des violences avec armes commises en 2016, condamnation dont il a fait appel.
Cet homme a par ailleurs été mis en examen en décembre 2021 pour violences avec armes, avec préméditation et à caractère raciste, et dégradations pour des faits commis le 8 décembre 2021. Dans cette deuxième affaire, il est soupçonné d'avoir blessé à l'arme blanche des migrants d'un campement parisien et d'avoir lacéré leurs tentes, avait relaté à l'époque une source policière.
Après un an en détention provisoire, il a été remis le 12 décembre en liberté, comme l'exige la loi, et placé sous contrôle judiciaire, a indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau.
- Mobile raciste ? -
En 2017, l'homme avait été condamné à six mois de prison avec sursis pour détention prohibée d'armes.
Il est en revanche inconnu des fichiers du renseignement territorial et de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et "n'était pas fiché comme étant quelqu'un de l'ultradroite", selon Gérald Darmanin.
Selon les premiers éléments de l'enquête, le mobile du racisme est une des pistes explorées mais doit être confirmée notamment par les déclarations du suspect lors de sa garde à vue.
La piste d'un attentat terroriste a, elle, été écartée à ce stade des investigations, selon la procureure.
Le matin des faits, "il n'a rien dit en partant (...) Il est cinglé. Il est fou", a déclaré à l'AFP le père du suspect âgé de 90 ans, le décrivant comme "taiseux" et "renfermé".
Il a "voulu s'en prendre à des étrangers" et "manifestement agi seul", a estimé M. Darmanin, précisant qu'il fréquentait un stand de tir.
"Il n'est pas sûr que le tueur qui a voulu assassiner ces personnes (...) l'ait fait spécifiquement pour les Kurdes", a-t-il souligné, alors que des rumeurs d'attaque "politique" étaient relayées par la communauté kurde.
Les "motifs racistes des faits" vont "évidemment faire partie des investigations, a renchéri Laure Beccuau lors d'un point presse.
"Rien ne permet à ce stade d'accréditer une quelconque affiliation de cet homme à un mouvement idéologique extrémiste", a-t-elle précisé en fin de journée dans son communiqué.
L'émotion a gagné la communauté kurde très présente dans ce quartier, qui a évoqué un acte "terroriste" et mis en cause la Turquie. De violents incidents ont éclaté vendredi avec les forces de l'ordre, et une personne a été interpellée, a indiqué à l'AFP une source policière.
A l'étranger, le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié la fusillade d'"acte horrible" et le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a présenté ses "plus sincères condoléances".
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