L'archevêque de Canterbury Justin Welby s'en est vivement pris dimanche à l'accord hautement controversé entre le gouvernement de Boris Johnson et Kigali pour envoyer au Rwanda les demandeurs d'asile arrivés illégalement au Royaume-Uni.
L'accord annoncé jeudi - qui vise à dissuader les dangereuses traversées de la Manche, en pleine augmentation malgré les promesses du Brexit de mieux contrôler les frontières - fait l'objet de vives critiques, notamment de la part du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et de plusieurs ONG.
Dans son sermon de Pâques, le chef spirituel de l'Eglise anglicane estime qu'envoyer des demandeurs d'asile à l'étranger pose de "graves questions éthiques".
"Les détails sont pour la politique et les politiciens", mais "le principe doit faire face au jugement de Dieu et il ne le peut pas", a-t-il déclaré.
"Il ne peut pas porter le poids de la responsabilité nationale de notre pays formé par les valeurs chrétiennes, car sous-traiter nos responsabilités, même à un pays qui cherche à faire le bien comme le Rwanda, est l'opposé de la nature de Dieu lui-même qui a pris la responsabilité de nos échecs", a poursuivi Mgr Welby.
De son côté, le ministère de l'Intérieur a mis en avant la "crise migratoire d'une ampleur sans précédent" à laquelle le monde est confronté, un porte-parole soulignant les "changements nécessaires pour empêcher les ignobles passeurs de mettre la vie de gens en danger et pour réparer notre système d'asile qui est cassé".
Dès l'annonce du dispositif jeudi, le Premier ministre Boris Johnson a dit s'attendre à des recours en justice de la part d'associations.
Dans la presse samedi, tant le Guardian (gauche) que le Daily Telegraph (droite) ont évoqué le risque de "mutinerie" au sein de la fonction publique, le secrétaire général du syndicat FDA Dave Penman mettant en avant la possibilité que les fonctionnaires demandent à quitter le ministère de l'Intérieur ou même l'administration.
"Sur les politiques qui sèment le plus la division, le choix des fonctionnaires est de les mettre en oeuvre ou de partir", a-t-il déclaré au Guardian.
Pour Tahsin Tarek, un vitrier de 25 ans d'Erbil, capitale du Kurdistan en Irak, qui économise pour financer un nouveau voyage vers l'Europe, l'annonce britannique change la donne.
"Je vais réfléchir à un autre pays", a déclaré à l'AFP samedi le jeune homme, pour qui "vivre ici et supporter les difficultés ici, c'est mieux que de vivre au Rwanda".
"Je ne pense pas que quiconque va accepter cette décision et aller vivre là-bas. S’ils donnent le choix aux réfugiés entre se faire expulser vers le Rwanda ou leur pays, ils choisiront leur propre pays".
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