Le gouvernement fédéral irakien et le pouvoir régional du Kurdistan autonome, dans le nord du pays, ont condamné plusieurs frappes de missiles et d'autres menées selon Bagdad par "20 drones chargés d'explosifs".
L'attaque a été dénoncée par Washington, Berlin et Londres.
Revendiqués par Téhéran, ces bombardements ont fait neuf morts et 32 blessés, selon le ministre de la Santé du Kurdistan, Saman al-Barzanji, qui s'est rendu au chevet des victimes dans un hôpital d'Erbil, capitale de la région autonome.
Un photographe de l'AFP y a vu des hommes, en majorité en treillis, transportés sur des civières après avoir été évacués dans des ambulances tâchées de sang.
"Il y a des civils parmi les victimes", a indiqué à l'AFP un haut responsable du Kurdistan sans donner davantage de précisions.
"Des réfugiés iraniens, dont des femmes et des enfants", feraient partie des victimes, a déploré sur Twitter l'antenne en Irak du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), évoquant un camp touché à Koysinjaq, à l'est d'Erbil.
"L'attaque aurait touché une école primaire où se trouvaient des élèves", a déploré l'agence.
Trois journalistes de la télévision kurde irakienne K24 ont également été blessés.
Le Kurdistan d'Irak accueille plusieurs groupes d'opposition iraniens kurdes qui, historiquement, ont mené une insurrection armée contre Téhéran, même si ces dernières années leurs activités sont en recul.
Ils restent toutefois très critiques sur les réseaux sociaux sur la situation en Iran, partageant des vidéos sur le mouvement de protestation qui a éclaté mi-septembre dans la République islamique après la mort de Mahsa Amini, une jeune femme interpellée par la police des mœurs.
- "Menace" -
Avec des forces américaines déployées dans le cadre d'une coalition internationale antijihadiste, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom) a annoncé avoir abattu dans l'après-midi un drone iranien se dirigeant vers Erbil et qui "semblait être une menace aux forces CENTCOM".
En Iran, la télévision d'Etat a affirmé que "les forces terrestres des Gardiens de la Révolution (l'armée idéologique de la République islamique, ndlr) ont ciblé plusieurs quartiers généraux de terroristes séparatistes dans le nord de l'Irak avec des missiles de précision et des drones destructeurs".
Ces derniers jours, des tirs d'artillerie iraniens avaient visé à plusieurs reprises des zones frontalières du Kurdistan d'Irak, sans faire de dommages notables.
Ces frappes interviennent dans un contexte tendu en Iran, où des manifestations nocturnes ont lieu quotidiennement depuis la mort de Mahsa Amini.
De hauts responsables à Téhéran ont d'ailleurs lié ces bombardements aux "émeutes" en Iran.
Cité mardi par l'agence de presse Tasnim, un haut responsable des Gardiens de la Révolution, le général Abbas Nilforoushan, évoquait des éléments "infiltrés" en Iran "pour semer le désordre".
"Ces éléments contre-révolutionnaires ont été arrêtés lors d'émeutes dans le nord-ouest, nous avons donc dû nous défendre, réagir et bombarder les environs de la bande frontalière", avait-il dit.
- "Bombardements aveugles" -
Les frappes de mercredi ont endommagé et détruit des bâtiments dans le secteur de Zargwez, à une quinzaine de km de Souleimaniyeh, où se trouvent des locaux de plusieurs partis d'opposition armés iraniens kurdes de gauche.
Un correspondant de l'AFP à Zargwez a vu des volutes de fumée blanche s'élever d'un des sites touchés par les frappes, où des ambulances ont été dépêchées.
La région de Sherawa, au sud d'Erbil, a également été visée par des bombardements. "Des locaux du Parti de la Liberté du Kurdistan ont été visés par des bombardements iraniens", a indiqué à l'AFP un responsable de ce parti d'opposition iranien, Hussein Yazdan.
Le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI), un des groupes visés par les bombardements sur la région de Koysinjaq, a également fait état de deux morts dans ses rangs.
"Nous condamnons fermement ces attaques continues qui entraînent la mort de civils", a indiqué dans un communiqué le gouvernement du Kurdistan autonome.
Bagdad doit convoquer jeudi l'ambassadeur d'Iran pour protester contre ces attaques.
Washington a dénoncé des "attaques éhontées" contre la souveraineté de l'Irak alors que Londres a sommé Téhéran de "cesser ses bombardements aveugles" au Kurdistan. Berlin a qualifié cette escalade d'"inacceptable".
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