Au 26e jour de cette guerre déclenchée par l'attaque sanglante sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien en Israël, un nouveau bombardement israélien a par ailleurs frappé le plus grand camp de réfugiés de Gaza, à Jabaliya (nord), déjà théâtre la veille d'une frappe ayant fait des dizaines de morts.
Dans un rare développement positif, des centaines de personnes au total devaient elles pouvoir quitter dans la journée la bande de Gaza, soumise à un "siège complet" et où la situation humanitaire est jugée catastrophique pour ses 2,4 millions d'habitants.
"Nous manquons des besoins humains les plus élémentaires (...). Depuis quatre jours, nous n'avons pas pu donner un morceau de pain à cet enfant", a déclaré à l'AFP Rafik al-Helou, un habitant de Gaza patientant encore, en famille, côté palestinien.
A la demande de l'Egypte, les premiers à passer en fin de matinée ont été des blessés palestiniens. Des télévisions égyptiennes ont diffusé en direct l'entrée des ambulances du côté égyptien du terminal de Rafah, actuellement l'unique ouverture possible sur le monde.
- "Personne ne peut imaginer" -
"J'ai été brûlé, j'ai des éclats d'obus dans l'épaule", a dit à la chaîne égyptienne AlQahera News un de ces blessés, Adel Mohammed, affirmant venir du camp de réfugiés d'el-Boureij. "Tout est détruit partout, personne ne peut imaginer: on n'a ni nourriture ni eau", a-t-il ajouté.
Dans l'après-midi, trois groupes de binationaux et d'étrangers ont pu quitter Gaza, selon un responsable égyptien interrogé par l'AFP et des chaînes TV égyptiennes.
Celles-ci ont diffusé des images de femmes, d'enfants et d'hommes âgés descendant de bus, certains avec des poussettes. Elles n'ont pas fourni de chiffres précis, alors que 545 binationaux et étrangers devaient pouvoir passer mercredi.
S'agissant des blessés palestiniens, des soignants et secouristes égyptiens les ont pris en charge et les ont transportés sur des brancards vers les ambulances égyptiennes. Du côté palestinien, un journaliste de l'AFP a vu une quarantaine d'ambulances transportant chacune deux blessés se diriger vers le terminal sécurisé.
D'après un autre correspondant de l'AFP, trois de ces ambulances sont arrivées en début d'après-midi à l'hôpital central de Cheikh Zoueid, à une dizaine de km de Rafah.
Selon les télévisions égyptiennes, d'autres ont été dirigées un peu plus loin, vers l'hôpital d'Al-Arich, chef-lieu de province.
"Mais l'attention ne doit pas se détourner des besoins encore plus grands" des milliers de "patients à Gaza dont la santé est trop précaire pour être évacués", a ajouté l'OMS.
Mercredi, le ministère de la Santé du Hamas a dit que 16 hôpitaux n'étaient plus fonctionnels, sur les 35 que compte le territoire, selon l'OMS.
- "Pertes douloureuses" -
La bande de Gaza est soumise depuis le 9 octobre à un "siège complet" qui prive sa population, exsangue, de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité.
Selon le Cogat, l'organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, 70 camions d'aide humanitaire sont entrés mardi.
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a fait état de 143 camions entrés jusqu'à lundi soir, mais insiste sur la nécessité absolue d'une aide beaucoup plus massive.
L'accord d'évacuation mis en oeuvre mercredi entre l'Egypte, le Hamas et Israël, et obtenu sous médiation du Qatar et en coordination avec les Etats-Unis selon une source diplomatique, est une rare éclaircie depuis le 7 octobre.
Selon les autorités israéliennes, au moins 1.400 personnes ont été tuées en Israël, en majorité des civils et la plupart le jour de cette attaque du Hamas, d'une ampleur et d'une violence inédites.
Dans la bande de Gaza, dirigée par le mouvement islamiste, près de 8.800 personnes, dont 3.648 enfants, ont été tuées depuis le 7 octobre dans les bombardements israéliens, selon un nouveau bilan du Hamas. Plus de 2.000 personnes sont portées disparues sous les décombres, d'après la même source.
Après une première phase de sa riposte axée sur les bombardements massifs, Israël a aussi entrepris, depuis vendredi, d'envoyer un nombre grandissant de chars et soldats dans le nord de la bande de Gaza, où des combats féroces l'opposent, au milieu des ruines, aux combattants du Hamas.
Mercredi, l'armée israélienne a annoncé la mort de 15 soldats depuis la veille, portant à 330 le nombre de ses soldats morts dans cette guerre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis la "victoire" malgré les "pertes douloureuses".
- La Jordanie rappelle son ambassadeur -
Dans le territoire palestinien, selon les autorités israéliennes, au moins 240 otages, enlevés le 7 octobre, sont toujours aux mains du Hamas, qu'Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne considèrent comme une organisation "terroriste". Leurs proches, en Israël et à l'étranger, vivent dans l'angoisse de leur sort.
Mercredi, le Hamas a affirmé que sept otages, "dont trois détenteurs de passeport étrangers", avaient été tués la veille dans un bombardement israélien sur le plus grand camp de réfugiés de Gaza, à Jabaliya (nord).
Selon Israël, ce bombardement a permis d'"éliminer" un haut dirigeant du Hamas, Ibrahim Biari. Mais il a fait "des dizaines de morts et des centaines de blessés", d'après le ministère de la Santé du Hamas.
Alors que ce bombardement a été qualifié de nouvelle "atrocité" par le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths, le camp de Jalabiya a été l'objet d'une nouvelle frappe mercredi.
Le ministre de la Santé du Hamas a annoncé que "des dizaines" de personnes avaient été tuées dans ce nouveau bombardement, une affirmation invérifiable dans l'immédiat.
Alors que chaque jour apporte ses craintes d'un embrasement régional, la Jordanie a annoncé mercredi le rappel "immédiat" de son ambassadeur en Israël en dénonçant "la guerre israélienne continue à Gaza qui tue des innocents et provoque une catastrophe humanitaire sans précédent".
A Ankara, la Turquie et l'Iran ont appelé à la convocation au plus vite d'une grande conférence internationale.
Au lendemain de tirs de missile par les rebelles Houthis au Yémen, proches de l'Iran, qu'elle dit avoir interceptés, l'armée israélienne a annoncé l'envoi de bateaux de guerre en mer Rouge.
A la frontière avec le Liban, où les accrochages armés sont quotidiens, l'armée israélienne a dit avoir ciblé une "cellule terroriste" qui s'apprêtait à tirer des missiles antichars.
Huit soldats israéliens et un civil ont été tués à cette frontière depuis le 7 octobre, selon l'armée. Côté libanais, d'après un décompte de l'AFP, 63 personnes sont mortes, dont cinq civils et 47 membres du Hezbollah, allié du Hamas.
La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où plus de 125 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.
Trente-quatre journalistes ont aussi été tués depuis le début de la guerre, selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF), qui a annoncé mercredi avoir saisi la Cour pénale internationale (CPI) pour "des crimes de guerre commis contre les journalistes" dans les Territoires palestiniens et en Israël.
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