"Sauvetage terminé !", crie depuis un balcon le jeune homme au casque étincelant, après s'être assuré que son camarade de section a bien réceptionné la victime factice, un étage plus bas.
A une quinzaine de kilomètres au sud-est de Paris, le complexe se veut le plus grand centre de formation des pompiers d'Europe. Il s'étend sur 13 hectares des communes de Valenton, Limeil-Brévannes et Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne).
Un terrain de jeu immense pour des entraînements éprouvants, au plus près du réel.
Une réplique à l'identique d'une station de métro parisienne. Une fausse portion d'autoroute jonchée de véhicules gravement accidentés. Des "caissons à feu réel", d'où s'échappent flammes et nuages de gaz, faits pour des exercices en lieu clos. Un sous-sol labyrinthique et enfumé, conçu pour désorienter...
"Il va falloir gérer la fatigue et nos émotions mises à rude épreuve, mine de rien", admet Gérald.
Du réveil à 5H30 au coucher à 22H00, les journées suivent un rythme effréné, entrecoupées de quelques pauses et de séances de sport.
"Une véritable fourmilière", glisse le lieutenant Franck, chef de peloton sur le campus, face à des jeunes au crâne rasé qui s'activent, échelles en main.
Pendant les quatre mois qu'ils passent à l'école, les nouveaux arrivants suivent une formation militaire de base, un stage en immersion dans une compagnie, une formation de secours à victime et une formation incendie. A l'issue de leur parcours, ils rejoindront l'un des 71 centres de secours de Paris et de sa "petite couronne" (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne).
- Un été olympique -
La nouvelle école est au coeur de la campagne de la brigade pour recruter 1.200 jeunes en prévision des Jeux olympiques d'été (26 juillet-11 août).
Cette échéance sportive fait d'ailleurs "partie des motivations" de Gérald, dont plusieurs membres de la famille sont déjà pompiers.
Les Jeux, "ça va être un événement majeur de l'année 2024 pour la BSPP", abonde le sergent Thomas, qui encadre 28 élèves. "Les jeunes recrues qui s'engagent sont d'autant plus motivés qu'ils vont pouvoir participer au rayonnement international de la brigade au travers de la réponse de sécurité civile qu'on va apporter".
L'unité militaire aux 8.600 sapeurs-pompiers veille, en temps normal, sur près de 7 millions d’habitants. Et au moment des Jeux, "avec le flux massif de populations étrangères, françaises et même au niveau des athlètes, il va falloir qu'on soit au rendez-vous", insiste le sous-officier.
Pour se doter d'infrastructures plus spacieuses et plus modernes, la brigade a dû déménager progressivement de son site historique du fort de Villeneuve Saint-Georges, situé à quelques kilomètres.
Sur le nouveau campus, qui a coûté "plus d'une centaine de millions d'euros" selon la BSPP, certains chantiers doivent encore être achevés, telle la reproduction d'un étage d'hôpital.
- "La concurrence est rude" -
Pour atteindre l'objectif des 1.200 recrues - soit au moins 300 de plus que lors d'une année sans JO - la BSPP doit batailler ferme.
"Il faut bien se rendre compte qu'on est nombreux à convoiter la même ressource et que ce n'est pas facile d'aller chercher ces jeunes", reconnaît le lieutenant-colonel Claire Boët, porte-parole de la BSPP. La police, la gendarmerie, les autres branches de l'armée de Terre et les sociétés de sécurité privée cherchent aussi à faire grossir leurs rangs avant les Jeux.
"On recherche un peu tous le même profil : un jeune sportif qui a envie de s'engager, de servir les autres son pays", ajoute-t-elle. "La concurrence est rude".
Pour se démarquer, la BSPP compte sur la bonne image dont bénéficient les sapeurs-pompiers et s'efforce de se rendre plus accessible en insistant sur le caractère progressif de la formation. La brigade tient également compte du désir, exprimé par de nombreux membres de "la génération Z" - nés entre 1996 et 2010 - de donner "du sens" à leur engagement.
Gérald, lui, semble déjà "embrigadé". "Les pompiers de Paris pour moi, c'est tout simplement l'élite. Il y a la rigueur et la cohésion, et du travail derrière. Quand je vois tout ce qu'ils réalisent au quotidien, ça m'a donné envie de rejoindre cette unité", affirme le jeune homme, dont la formation s'achèvera dans un mois.
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