La force française Barkhane était informée du projet du journaliste français de rencontrer dans le nord-Mali un dirigeant jihadiste affilié à Al-Qaïda, via un fixeur servant d'indicateur aux armées. Les militaires ont envisagé d'utiliser cette prise de rendez-vous pour localiser cet émir avant de renoncer en raison des risques encourus, d'après Le Monde, qui a mené l'enquête avec Libération, RFI et TV5Monde.
Libéré en mars dernier, Olivier Dubois avait été kidnappé le 8 avril 2021 à Gao, dans le nord du Mali, par le GSIM, principale alliance jihadiste au Sahel liée à Al-Qaïda. Il collaborait notamment avec le quotidien Libération et le magazine Le Point et vivait au Mali depuis 2015.
D'après les médias français ayant eu accès à des documents judiciaires français et maliens relatifs à l'affaire, les militaires de Barkhane auraient renoncé in extremis à l'opération, mais n'auraient pas déployé les moyens adaptés pour empêcher l'enlèvement d'Olivier Dubois à Gao, où il devait rencontrer Abdallah Ag Albakaye.
Chargée d'enquêter en interne sur cette affaire, l'inspection générale des armées (IGA) a conclu fin 2021 qu'il n'y avait "pas eu de faute personnelle au sein de la force Barkhane" mais que "la sensibilité du sujet n'a pas fait l'objet d'une prise en compte à un niveau suffisant permettant de conduire (...) une action dissuasive à l'encontre du journaliste".
Contacté par l'AFP, le ministère français des Affaires étrangères a refusé tout commentaire "en raison de l'instruction judiciaire" en cours. L'état-major n'a quant à lui pas souhaité faire de commentaires.
De source diplomatique, on rappelle qu'une "lettre rouge" -- pour formellement déconseillé -- avait été envoyée à Olivier Dubois la veille de son rapt pour le dissuader de faire ce voyage.
Le journal Libération avait de son côté refusé le projet d'interview d'Olivier Dubois en raison des risques encourus.
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