"Je salue le retour du Brésil comme un acteur majeur sur la scène internationale", a souligné lundi matin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en accueillant le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva. "Nous avons besoin de nos amis proches à nos côtés en ces périodes d'incertitudes", a-t-elle ajouté.
Il s'agit du troisième sommet UE-Communauté d'Etats latino-américains et des Caraïbes (CELAC). Le dernier remonte à 2015, et les deux parties essaient de rattraper le temps perdu. Mais le rapprochement n'est pas sans difficultés.
Des désaccords sont apparus dès le début des négociations sur une déclaration commune, notamment en raison de la volonté des Européens de mentionner la guerre déclenchée par la Russie en Ukraine.
L'UE cherche à rallier un maximum de soutiens internationaux face à Moscou, mais les 33 pays latino-américains et caribéens n'ont pas de position commune sur la question, et ne veulent pas voir ce sujet accaparer les discussions.
L'intervention du président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du sommet, un temps pressenti, n'aura finalement pas lieu.
"Notre objectif (...) c'est que l'ensemble des pays de la région soutiennent l'Ukraine, apportent un appui au gouvernement ukrainien a minima dans leurs déclarations, pour signaler les violations du droit international auquel le pays est confronté", indique-t-on à l'Elysée.
Le Brésil s'est refusé à fournir des armes à l'Ukraine ou à imposer des sanctions contre la Russie de Vladimir Poutine.
Lula a suscité la polémique en affirmant à plusieurs reprises que les responsabilités du conflit étaient partagées, même s'il a condamné l'invasion russe de l'Ukraine. Et des pays comme Cuba et le Venezuela restent des alliés de Moscou.
Lors d'une brève déclaration lundi matin, le président brésilien n'a pas dit un mot sur l'Ukraine, concentrant son allocution sur la question du climat.
La lutte contre l'exploitation de la forêt amazonienne est l'un des principaux objectifs de son gouvernement, à l'opposé des politiques de son prédécesseur Jair Bolsonaro. Il entend mettre fin à la déforestation illégale d'ici à 2030.
Le sommet "ne va pas être facile", a estimé vendredi la ministre mexicaine des affaires étrangères Alicia Barcena, qui représentera son pays à Bruxelles à la place du président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador. Elle a cité parmi les sujets difficiles une récente résolution du Parlement européen dénonçant la situation des droits humains à Cuba.
L'UE a aussi des relations particulièrement tendues avec le Nicaragua de Daniel Ortega, depuis la répression des manifestations de 2018, et avec le Venezuela de Nicolas Maduro depuis la réélection contestée de ce dernier.
Une partie des pays de la CELAC a par ailleurs demandé que la déclaration finale mentionne la question des réparations concernant la traite des esclaves.
- Lithium convoité -
Côté commercial, la question de l'accord de libre-échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) planera sur le sommet, même si aucune percée n'y est attendue.
Cet accord a été conclu en 2019, après plus de 20 ans de négociations complexes, il n'a pas été ratifié en raison notamment des préoccupations européennes concernant les politiques environnementales de Jair Bolsonaro.
L'Espagne, qui exerce la présidence semestrielle de l'UE, espère une ratification d'ici la fin de l'année.
En amont du sommet, Ursula von der Leyen a fait une tournée dans la région à la mi-juin (Brésil, Argentine, Chili et Mexique), où elle a annoncé un renforcement des investissements européens, à dix milliards d'euros, à travers la stratégie "Global Gateway" destinée à contrer l'influence du programme chinois des "Nouvelles routes de la soie".
Elle a aussi annoncé la signature d'un protocole d'accord avec l'Argentine sur les matières premières essentielles, notamment le lithium, indispensable à la fabrication de batteries de voitures électriques. Un métal essentiel pour la stratégie de décarbonations de l'UE, qui va interdire la vente de voitures neuves à moteurs thermiques à partir de 2035.
L'Argentine fait partie des principaux producteurs mondiaux de ce minerai et forme avec la Bolivie et le Chili le "triangle du lithium", avec près de 56% des réserves mondiales.
Un protocole d'accord doit aussi être signé mardi avec le Chili, en présence du président Gabriel Boric.
La Bolivie a quant à elle annoncé fin juin que la Chine et la Russie allaient investir 1,4 milliard de dollars pour ouvrir deux mines de lithium dans le pays.
Parallèlement à cette réunion d'une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, se déroulera mardi et mercredi à Bruxelles le Sommet des peuples, avec une centaine de mouvements, partis de gauche et associations venus des deux côtés de l'Atlantique.
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