La recrudescence des fusillades liées au trafic de stupéfiants touche l'ensemble du pays mais elle est concentrée dans le Sud et suscite l'inquiétude grandissante des autorités.
"Suite à des échanges de tirs au sein du quartier Pissevin, dans l’ouest de Nîmes (sud), un enfant de 10 ans est décédé cette nuit. Un homme a en outre été victime des tirs de balles. Les jours de ce dernier ne seraient plus en danger", a annoncé la procureure de la République de Nîmes Cécile Gensac.
Des sources policières et proches de l'enquête ont indiqué à l'AFP que le garçon se trouvait à l'arrière d'un véhicule pris pour cible aux alentours de 23h30 (21h30 GMT). L'homme blessé est le conducteur, son oncle, âgé de 27 ans. Un autre enfant se trouvant à l'arrière, âgé de 12 ans, est lui sorti sain et sauf.
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a évoqué un "immense drame qui ne restera pas impuni" et annoncé l'envoi en renfort d'une unité de policiers spécialisés dans la gestion des violences urbaines actuellement déployée à Marseille.
De source policière, les tireurs seraient au nombre de quatre. Ils étaient toujours en fuite et recherchés mardi matin.
Dimanche, un adolescent de 14 ans avait déjà blessé par balles non loin de là par des tireurs circulant à bord d’une Renault Clio. Selon une piste envisagée par les enquêteurs, la Mégane de l'oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille.
- "Centrale d'achat de la drogue" -
La sanglante bataille pour les points du deal gagne du terrain en France.
Du 1er janvier au 31 mai, "144 faits" d'homicides ou tentatives d'homicides ont été recensés faisant 43 morts et 155 blessés, soit une hausse de 65% par rapport à la même période de 2022, selon de l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO).
En 2022, 236 faits avaient recensé avec 65 décès, en hausse de 12% par rapport à 2021.
Policiers, magistrats et élus relèvent une agressivité extrêmement forte autour des points de deal depuis la sortie de la crise du Covid.
Dès 2021, la ville de Nîmes avait été qualifiée par l'ancien procureur de "centrale d'achat de la drogue" : chaque semaine, environ 700 kg de résine de cannabis venant majoritairement du Maghreb et des dizaines de kilos de cocaïne venus d'Amérique du Sud via l'Espagne y transitent pour être revendus, avait déclaré ce magistrat, Eric Maurel.
Trois quartiers de Nîmes, dont celui de Pissevin, constitués de barres d'immeubles et de tours, ont concentré les règlements de comptes ces dernières années.
Ils avaient été créés dans les années 1960 pour loger des populations issues de l'exode rural, des rapatriés d'Afrique du Nord puis des travailleurs immigrés. Tous trois partagent des indicateurs socio-économiques alarmants avec un taux de pauvreté atteignant jusqu'à 70% et un chômage massif.
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