Israël et l'Iran seront absents de cette réunion, à laquelle ne devrait pas non plus participer le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, ce qui laisse augurer d'avancées minimes du processus de paix. Même si des progrès pourraient être réalisés sur le volet humanitaire.
La conférence a déjà "le mérite d'exister", souligne Hasni Abidi, directeur du Centre d'études sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. "Depuis l'initiative avant-gardiste des Français et Américains, c'est la seule dynamique diplomatique en cours", dit-il.
Fin septembre, quelques jours après le démarrage d'une intense campagne de frappes aériennes d'Israël contre des fiefs du Hezbollah, Paris et Washington avaient dévoilé une proposition internationale de cessez-le-feu temporaire. Sans succès.
Le 27 septembre, le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah était tué à Beyrouth dans des frappes israéliennes.
Trois jours plus tard, l'armée israélienne, affirmant vouloir éloigner le Hezbollah de sa frontière et mettre un terme à ses tirs de roquettes afin de permettre le retour dans le nord de son territoire de quelque 60.000 habitants déplacés, a entamé une offensive terrestre dans le sud du Liban.
Au moins 1.470 personnes ont été tuées au Liban en près d'un mois, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. A la mi-octobre, l'ONU recensait près de 700.000 déplacés.
La proposition formulée à New York est "toujours sur la table", a répété vendredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
La France pousse sans relâche une solution fondée sur la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies de 2006, stipulant que seuls les Casques bleus et l'armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d'Israël.
Le renforcement des forces armées libanaises sera précisément l'un des volets de la conférence de jeudi.
- 'Soins palliatifs' -
"Cela fait des années qu'Emmanuel Macron souligne, à juste titre, qu'il faut donner des moyens à cette armée", commente Agnès Levallois, de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient. Car c'est finalement "la seule institution au Liban qui fonctionne".
Mais la spécialiste est "plus que sceptique" sur les résultats concrets à attendre de la conférence. "Que le président veuille faire un sommet pour montrer qu'il n'abandonne pas les Libanais, il est dans son rôle mais je n'en attends pas grand-chose", exception faite de l'aide humanitaire, dit-elle.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a expliqué espérer un soutien à sa population et son armée.
"Nous allons demander une aide humanitaire et une aide pour la sécurité", relative à "tout ce qui concerne l'armée et les forces de sécurité intérieure", a-t-il déclaré la semaine dernière à l'AFP, se disant prêt à augmenter les effectifs de l'armée dans le sud du pays afin qu'elle contrôle cette région frontalière en cas de cessez-le-feu avec Israël.
Aucun objectif chiffré n'a été dévoilé par le ministère français des Affaires étrangères, qui n'a pas divulgué la liste des participants.
"Les besoins sont tellement monumentaux que, quand bien même l'aide se chiffrerait en centaines de millions de dollars, elle pourrait être vue cyniquement comme une sorte de soins palliatifs", observe Karim Bitar, professeur de relations internationales à l'Université Saint-Joseph de Beyrouth.
Il s'interroge en outre sur l'ampleur de l'aide des pays du Golfe, traditionnels contributeurs pour le Liban alors qu'aujourd'hui, "on ne constate pas d'appétence de leur côté pour s'engager dans une aide massive".
Les Saoudiens se sont désintéressés du Liban ces dernières années, estimant que la classe politique était responsable de la faillite du pays, dont l'économie s'est effondrée, a expliqué une autre source diplomatique.
Mais alors qu'une guerre régionale opposant Etats-Unis et Israël à l'Iran semble se profiler, ils sont "conscients" de la nécessité d'appuyer tout processus pour résoudre la crise libanaise, a-t-elle poursuivi.
"Cette conférence, c'est mieux que rien, mais on aurait aimé qu'il y ait une feuille de route politique et des pressions plus intenses sur Israël", souligne Karim Bitar.
Il regrette aussi le moment choisi: "C'est à la fois trop tôt puisqu'on ne connaît pas encore ce que vont donner l'issue des combats, et peut-être aussi trop tard, parce que le mal a déjà été fait."
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