Le média haïtien AyiboPost a publié en ligne lundi ce qu'il présente comme l'ordonnance du juge chargé de l'instruction du dossier, un document de 122 pages "résultant d'une dizaine d'auditions" qui ne permet toutefois pas "d'identifier clairement les auteurs intellectuels de l'assassinat, ni les bras financiers", note le média.
D'après ce document, le magistrat a demandé le renvoi de Mme Moïse et 50 autres personnes devant le tribunal criminel "pour y être jugés sur les faits d'association de malfaiteurs, de vol à mains armées, de terrorisme, d'assassinat et de complicité d'assassinat, crimes commis au préjudice" du président Moïse.
"Les charges concordantes et les indices d'implication de l'ex-Première dame (Martine Moïse) dans l'assassinat du président Jovenel Moïse sont suffisants", note ce document, qui précise que "les déclarations de l'ex-Première dame (...) sont si entachées de contradictions qu’elles laissent à désirer et la discréditent".
L'ancien Premier ministre par intérim Claude Joseph ou encore l'ancien directeur général de la police nationale Léon Charles figurent parmi les individus inculpés, l'ordonnance faisant état d'"indices suffisants" de complicité dans l'assassinat du chef de l'État haïtien pour tous deux.
Le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse avait été tué par balle dans sa résidence privée à l'âge de 53 ans par un commando de plus de 20 personnes, principalement des mercenaires colombiens, sans que ses gardes du corps n'interviennent. Martine Moïse avait elle-même été blessée lors de l'attaque.
Le 9 février, Joseph Vincent, un Américano-Haïtien accusé d'avoir participé à son assassinat, a été condamné en Floride, aux États-Unis, à la réclusion criminelle à perpétuité.
La justice américaine avait lancé des poursuites visant 11 personnes accusées d'être mêlées à l'assassinat, au motif que le complot avait été ourdi en Floride. Quatre d'entre elles ont été condamnées à la prison à vie, dont Joseph Vincent qui avait plaidé coupable en décembre.
Haïti fait face à une grave crise politique, sécuritaire et humanitaire, des gangs armés ayant pris le contrôle de pans entiers du pays, et le nombre d'homicides ayant plus que doublé en 2023, et l'assassinat de M. Moise a plongé le pays le plus pauvre du continent américain encore davantage dans le chaos.
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