"La manière dont l'Europe traite ses réfugiés est quelque chose qui est observé ailleurs. (...) L'Europe a un rôle majeur en tant que modèle", a déclaré l'envoyé spécial du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) pour la situation en Méditerranée centrale et occidentale, Vincent Cochetel, lors d'un point de presse à Genève.
Alors que les partis d'extrême-droite sont bien placés dans les sondages pour les européennes, M. Cochetel estime qu'une montée des mouvements politiques anti-migrants aurait des conséquences globales.
"On ne peut pas s'attendre à ce nombre de pays africains qui maintiennent une tradition d'asile depuis des décennies continuent à maintenir cette tradition si l'Europe se comporte différemment avec les populations réfugiées sur son territoire", a-t-il observé.
"Si on a un effondrement des valeurs de protection pour les réfugiés en Europe, on verra une même tendance ailleurs", a-t-il insisté.
Cela entraînera selon lui "des mouvements (migratoires) moins bien gérés, beaucoup plus de mouvements, dans tous les sens, pas simplement vers l'Europe", et donc "un bon business bien profitable pour les trafiquants".
M. Cochetel appelle donc à "continuer à entretenir le capital de sympathie qui existe aussi en Europe pour une migration mieux gérée mais aussi pour la présence de réfugiés sur le territoire européen".
"Quand des millions d'Ukrainiens sont venus en Europe cela n'a pas été un si grand problème à gérer", a-t-il dit, reconnaissant qu'"il y a toujours plus d'empathie pour les réfugiés d'à côté" que pour ceux qui "viennent de plus loin ou qui ont l'air différent".
Il faut, a-t-il dit, expliquer que les réfugiés ne viennent pas en Europe "par hasard" mais parce qu'ils fuient des conflits, parfois proche du continent européen, comme au Soudan, en proie à un "conflit brutal" depuis avril 2023.
"Donc il faut se préparer, pas dans la panique parce que les chiffres sont tout à fait gérables. Mais il faut essayer d'expliquer en Europe pourquoi il y a des réfugiés soudanais qui arrivent", a-t-il dit.
Le responsable du HCR a affirmé qu'"il n'y a pas de solution facile" face aux flux migratoires. Il a expliqué que l'Europe devait travailler avec les pays voisins, mais a averti qu'il ne faut "pas simplement un plan de contrôle des frontières maritimes parce que cela ne règle pas tous les problèmes".
Dans un rapport publié mardi, le HCR appelle aussi à accroître les services de protection humanitaires sur les principales routes empruntées par les réfugiés et les migrants.
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