Emmanuel Macron pourrait à l'issue des Jeux olympiques qui se terminent le 11 août, et avant les Jeux paralympiques le 28 août, désigner un chef de gouvernement qui exhalerait une "odeur de cohabitation" pour tenter de bâtir une coalition, selon la formule d'un proche du président.
La ministre démissionnaire chargée de l’Égalité Aurore Bergé a avancé dimanche trois noms de responsables de droite : Xavier Bertrand, actuel président de la région des Hauts-de-France et ex-ministre de Nicolas Sarkozy, Michel Barnier, ancien commissaire européen et ex-ministre de M. Sarkozy et Jacques Chirac, ou l'actuel président du Sénat Gérard Larcher.
Ils "ont une expérience solide de gouvernement, du Parlement et du compromis", a fait valoir dans Le Figaro la députée des Yvelines, issue elle-même de la droite.
Elle écarte de ce fait la possibilité que Lucie Castets, candidate de l'alliance de gauche Nouveau Front populaire, arrivée en tête aux élections législatives anticipées, soit nommée à Matignon parce que, vu la configuration de la nouvelle Assemblée divisée en trois blocs, "personne ne peut dire +tout mon programme, rien que mon programme+".
Mme Bergé espère que ce gouvernement parviendra "à aller au-delà de la droite, jusqu'aux sociaux-démocrates" à condition que ceux-ci sortent "de leur alliance contre nature avec LFI".
- "Postures" –
L'ancienne candidate de la droite à la présidentielle Valérie Pécresse choisirait aussi Xavier Bertrand qui est "un très bon candidat". "Aujourd'hui le sujet c’est la compétence", "l'expérience" et "la capacité à gérer le pays", a-t-elle souligné sur France Inter.
Et il n'y a "pas de match" à cet égard avec Lucie Castets, selon elle. Car il faudra "un sacré esprit de responsabilité et sortir des postures" pour faire des milliards d'économies dans le budget.
L'actuel ministre délégué des Comptes publics Thomas Cazenave a lui-même appelé tous les groupes politiques à engager un "dialogue" autour du budget pour 2025, mettant en garde contre les conséquences "graves" d'un blocage politique pour les finances publiques.
L'adoption du projet de loi de finances s'annonce complexe alors que l'Assemblée nationale est dépourvue de majorité claire et que l'Union européenne a engagé une procédure contre la France pour déficit public excessif.
La France doit économiser 25 milliards d'euros en 2024 pour redresser ses finances, selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui a envoyé à Gabriel Attal des propositions de plafonds de dépenses ministère par ministère, avec une "baisse des crédits de l’État", dans le but de ramener le déficit sous les 3% du PIB en 2027.
- "Austérité" –
La perspective d'un compromis semble encore loin. La cheffe des Verts Marine Tondelier a dénoncé lundi sur le réseau X un budget "d'austérité qui nuira aux Français", craignant des arbitrages "sans considération de la justice sociale" ou "environnementale".
Alors que la gauche fait toujours bloc derrière Mme Castets, elle s'inquiète d'une nomination tardive à Matignon qui empêcherait son locataire d'"intervenir réellement".
"Cette trêve olympique, c'est pas juste parce qu'Emmanuel Macron est fatigué, c'est parce qu'il veut du temps" et "faire obstruction à toute tentative de changement politique, de rupture avec le macronisme", estime l'écologiste.
Le sénateur de droite Philippe Bas, proche de Gérard Larcher, trouve lui aussi que "le président ne doit pas ajouter la procrastination à la dissolution", car "retarder la formation d’un gouvernement n'augmente pas les chances de trouver une majorité", alors que le budget doit être présenté au Parlement avant le 1er octobre.
Il mise lui sur le fait que les députés pourraient "accepter de donner sa chance" à un gouvernement minoritaire.
L'ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, cité lui aussi dans la presse pour ce poste, a démenti auprès de l'AFP avoir échangé récemment avec Emmanuel Macron.
Un candidat de centre gauche aurait en fait moins de chances, selon le politologue Bruno Cautrès, car "le point capital du choix (du président) est la non remise en cause des acquis macronistes" comme la réforme des retraites ou la baisse des impôts, ce qui plaide pour un Premier ministre de "centre droit".
Mais ces hypothèses sont à prendre avec des pincettes, car le président "aime surprendre", rappelle-t-il.
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