Le 46e président américain, qui laissera lundi le pouvoir au 47e, avait choisi ce dimanche d'honorer le héros afro-américain des droits civiques, Martin Luther King Jr., assassiné le 4 avril 1968.
Le jour férié qui lui est dédié aux Etats-Unis tombe cette année lundi, jour de la prestation de serment de Donald Trump.
Pour leur ultime voyage officiel, Joe et Jill Biden ont donc passé la journée dans la cité historique de Charleston, en Caroline du Sud, marquée par l'esclavage et la ségrégation raciale et, en 2015, par une terrible tuerie raciste contre des paroissiens noirs.
Son auteur, un suprémaciste blanc, a été condamné à mort.
Le président démocrate, fervent catholique, s'est rendu à l'église protestante Royal Missionary Baptist Church pour assister à un service religieux.
"A chaque fois que je passe du temps dans une église noire, je pense à une chose: le mot +espoir+", a lancé l'homme politique au crépuscule de sa carrière, citant ses deux modèles depuis plus d'un demi-siècle: l'icône Martin Luther King Jr. et l'emblématique sénateur Bobby Kennedy, lui aussi assassiné en 1968.
- "Abus de pouvoir" -
"Mon père avait coutume de dire que le plus grand des péchés est l'abus de pouvoir", a poursuivi Joe Biden, sans jamais nommer Donald Trump.
Mais "la foi nous enseigne que l'Amérique de nos rêves est toujours plus proche que ce qu'on pense", a plaidé ce croyant de 82 ans, dans un discours bien plus optimiste que ses très sombres adieux à la Nation mercredi, quand il avait dénoncé une "oligarchie qui prend forme en Amérique".
"Gardons la foi pour des jours meilleurs!", a-t-il conclu sous les applaudissements de fidèles debout dans l'église.
La Caroline du Sud et sa communauté afro-américaine ont été décisives pour Joe Biden.
Grâce au parlementaire Jim Clyburn, cet Etat du sud-est était tombé dans l'escarcelle de M. Biden lors des primaires démocrates de 2020 pour la course à la Maison Blanche.
"Joe Biden a été ce dont le pays avait besoin", a salué M. Clyburn, déplorant que son "bon ami" ne soit "pas toujours apprécié" à sa juste valeur.
Joe Biden avait initialement prévu de se rendre dans une autre église protestante de Charleston, dans laquelle il avait déclaré en janvier 2024 qu'il n'aurait jamais été élu président sans "la communauté noire de Caroline du Sud".
- Tuerie raciste -
Il y avait été aussi en 2015, alors vice-président de Barack Obama, pour une cérémonie funéraire après une tuerie raciste.
Convaincu d'une suprématie des blancs sur les autres races qu'il considérait inférieures, un Américain de 21 ans à l'époque, Dylann Roof, avait ouvert le feu le 17 juin 2015 à 77 reprises dans cette église, criblant de balles neuf fidèles noirs qui venaient de l'accueillir à bras ouverts pour une séance d'étude de la Bible.
Cela avait d'autant plus choqué aux Etats-Unis que la paroisse est un lieu symbole de la lutte contre l'esclavage, rassemblant la plus ancienne communauté noire de Charleston.
Dylann Roof a été condamné à mort début 2017, ce qu'a confirmé une cour d'appel fédérale en août 2021, au début de la présidence Biden.
Aujourd'hui âgé de 30 ans, il ne risquait pas, jusqu'à présent, d'être exécuté puisque l'administration Biden a imposé en 2021 un moratoire sur les exécutions à l'échelon fédéral.
Juste avant Noël, Joe Biden a commué la peine capitale de 37 condamnés par la justice fédérale, mais a maintenu celles prononcées contre Dylann Roof et Djokhar Tsarnaev, poseur de bombes de l'attentat contre le marathon de Boston en 2013.
Et, dimanche, il a accordé ses dernières grâces et commutations présidentielles: il a gracié de manière posthume le Jamaïcain Marcus Garvey, militant noir et figure centrale du mouvement rastafari. Mort en 1940, il était un précurseur du panafricanisme en défendant un retour de descendants d'esclaves noirs vers l'Afrique.
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