Vous êtes ivoirienne, vous êtes née à Abobo en 1974, et vivez en France depuis 2000, comment avez-vous réussi votre intégration dans ce pays ?
Je suis arrivée en France sans papiers. Quand ma situation a été régularisée, j’ai commencé à travailler. Mais j’ai en fait compris le système de la France quand j’ai connu les syndicats.
Comment êtes-vous parvenue à vous faire accepter dans le milieu syndical ?
Quand des syndicalistes sont arrivés dans l’hôtel où nous travaillions, ils nous ont dit, « nous sommes là pour vous syndiquer. Si vous vous syndiquez et que si vous êtes mal payés, mal traités, nous sommes là pour vous protéger ». C’est ainsi que j’ai commencé à comprendre, à discuter avec eux, à chercher à savoir ce que le terme syndicat signifie et quel est son impact. Quand ils m’ont donné l’explication, j’ai pris la décision de me syndiquer, et j’ai commencé à assister à des réunions, à comprendre comment cela fonctionne. Tout est parti de là.
Vous étiez à la tête d'un groupe de femmes de chambre pour avoir de meilleures conditions de travail, et une hausse salariale.
Quels sont les arguments que vous avez invoqués pour avoir leur confiance et être leur déléguée ?Nous étions mal payées. Nous arrivions à 8h30, nous n’avions pas droit au repas. Nous n’avions même pas le temps de manger. Nous finissions le travail entre 16h et 18H. Avec toute cette souffrance, il était facile de faire prendre conscience aux femmes que nous sommes exploitées, et qu’il fallait entrer en grève. A l’hôtel dans lequel nous travaillions, les femmes étaient déjà favorables au soutien des syndicats. Elles savent que le syndicat est là pour les protéger. Nous étions en train de souffrir. Mes collègues Sylvie, Traoré Aboubacar et moi n'avons fait que traduire cette souffrance par des mots pour les convaincre pour que nous puissions entrer en grève afin de sortir de cette situation.
Comment êtes-vous arrivée à avoir avec vous 34 femmes sur une soixantaine d’employées, alors que ce n’est pas facile de convaincre dans des conditions pareilles?
J’y suis arrivée, parce que nous étions toutes des immigrées, des Noires et des Arabes. Il n’y avait pas de Françaises parmi nous. Nous étions de différentes nationalités : sénégalaise, mauritanienne, congolaise, malienne. Elles m’ont suivi parce qu’elles savaient que ce que je disais était vrai. Elles voyaient que je les soutenais, je les défendais, elles ont eu confiance en moi et m’ont suivie.
Votre niveau CM2 n’a pas été un obstacle pour vous ?
Non, cela n’a pas été un obstacle du fait qu’en Côte d’Ivoire nous parlons le français, cela ne m’a pas mise dans une coquille, pour dire comme j’ai un niveau Cm2, je ne peux pas y arriver. Il faut affronter les choses, dire ce qu’on a envie de dire même si tu t’exprimes mal en français, ce n’est pas grave, il faut exprimer sa pensée. Non, mon niveau ne m’a pas vraiment freinée.
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