Aller au-delà des préjugés, tel est l’objectif des deux écrivains. Bouleversé après avoir interviewé 146 patients dans le cas d’une étude sur l’épilepsie, Dr Houga décide de déconstruire les considérations sociologiques liées à cette maladie. Avec son ami Abdel Ali, ils vont traduire les peines, douleurs, souffrances de toutes ces personnes stigmatisées.
"Presque tous ceux que j’ai écoutés, ont pratiquement le même parcours. Ils débutent à l’hôpital puis se retrouvent chez des tradi-praticiens, des guérisseurs, chacun avec sa doctrine. Les crises d’épilepsie ont changé le destin de tous ces gens", explique Dr Houga.
Dans plusieurs contrées en Afrique subsaharienne, l’épilepsie est encore perçue comme une maladie liée à des génies. "La médecine traditionnelle tente de prendre en charge les malades mais pas de la meilleure des manières", soutient Abdel Ali.
"On m'appelle... Dalô Êlow" de Degaully Boris Houga et Abdel Ali dédicacé à la Libraire Siloé
En effet, des malades sont "livrés" à des guérisseurs qui leur font passer la nuit avec le Kankourang, un personnage mythique très craint, voire violent, une sorte de totem. Ce traitement n’a rien de thérapeutique. Bien au contraire. Il est traumatisant, éprouvant.
"Lorsqu’on écoutait les histoires des patients, ça nous bouleversait. C’est ce qu’ils ont vécu qui se retrouve dans ce livre", rappelle Dr Houga avant d’ajouter "l’épilepsie n’a rien de mystique, les gens en font une fausse représentation".
« On m’appelle… Dalô Êlow » adresse la question avec une touche d’humanité car l’épilepsie rend socialement handicapante. "Des malades sont indexés, écartés, renvoyés de l’école ou de leur travail. Il faut que la donne change", plaide Abdel Ali. Pour cet ingénieur agronome, "il faut mettre l’humain au centre de tout".
Des parents de malades, des malades, des sociologues ont participé à cette cérémonie de dédicace. Leurs témoignages ont corroboré le point de la situation fait par les auteurs. Du Sénégal à la Côte d’Ivoire, les situations sont pareilles.
Dans ce roman de 142 pages disponible en librairie, les rapports familiaux, la douleur, la détresse, l’humanisme sont mis en exergue. « On m’appelle… Dalô Êlow » est un appel à un changement de mentalité vis-à-vis des épileptiques.
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