Pour montrer sa bonne foi, notre pays a même relevé plus de 425 soldats en fin de mission au sein de la MINUSMA en août dernier.
Alors que les espoirs d’une issue favorable pointaient à l’horizon, les autorités maliennes ont maintenu leur ligne, annihilant ainsi des efforts diplomatiques intenses menés à tous les niveaux. Face à cette situation, la CEDEAO, saisie par la Côte d’Ivoire au mois de septembre pour mettre fin à cette prise d’otage, a pris un nouveau virage ce 4 décembre à l’occasion de son 63ème sommet. Que faut-il attendre de ce durcissement de ton ?
Si les autorités ivoiriennes ont conservé sérénité et confiance depuis le début de la prise d’otage malienne, elles n’en sont pas moins préoccupées. Elles ont même changé d’approche en mettant fin – certes progressivement – à la participation ivoirienne à la MINUSMA. Ce changement de ton semble avoir gagné l’institution sous régionale.
En effet, si directement ou indirectement, la CEDEAO a soulevé plusieurs fois la question dans ces discussions avec les autorités maliennes, elle a sorti la menace de sanction à Abuja dimanche dernier.
Le processus de négociation a concerné d’abord Faure Gnassingbé. Le président Togolais, sollicité par la junte a bénéficié du soutien de l’institution régionale. A sa suite, plusieurs personnalités dont le Sénégalais Macky Sall qui, par ailleurs, est le président en exercice de l’Union Africaine. La CEDEAO a même tenu un sommet extraordinaire sur la question à New York en marge du sommet l’Assemblée Générale de l’ONU. Le médiateur Goodluck Jonathan est à son tour monté au créneau, mais tout ça n’a pas empêché la junte malienne de s’obstiner dans un chemin sans issue.
En effet, méprisant la presque dizaine de soldats ivoiriens morts pour la paix et la stabilité au Mali, feignant d’ignorer l’engagement ivoirien de plus de 900 hommes au sein de la MINUSMA, la junte de Bamako s’agrippe à une prétendue déstabilisation dont elle ne peut, jusqu’à ce jour, avancer le début du commencement de la moindre preuve.
Face aux atermoiements infondés des putschistes maliens, la CEDEAO a donc décidé de lancer un ultimatum clair assorti de sanctions. En effet, l’institution ouest-africaine a donné jusqu’à la fin de l’année pour la libération des soldats ivoiriens détenus à Bamako. Sinon, elle sera contrainte de prendre des sanctions.
En souhaitant que Faure Gnassingbé, porteur du message de la CEDEAO puisse convaincre ses interlocuteurs maliens, puisse leur faire entendre raison afin de permettre une sortie honorable pour tous. En effet, un refus malien durcira davantage la situation puisque la CEDEAO actionnera ses leviers de sanctions. Alors que la junte malienne peine à recouvrer son territoire, du moins à défendre ce qu’il en reste, alors qu’elle doit respecter ses engagements envers la CEDEAO en termes de calendrier électoral, il serait totalement incongru d’ouvrir une nouvelle bataille diplomatique perdue avant même d’avoir débuté.
L’Afrique de l’Ouest déjà empêtrée dans la menace terroriste – dont le Mali est l’un des principaux théâtres – doit faire face à l’inflation et au ralentissement économique mondial. Il serait judicieux de lui épargner une nouvelle crise diplomatique qui, à coup sûr, affaiblira davantage Bamako. La junte malienne doit comprendre qu’elle a besoin de solidarité et non de conflictualité, qu’elle doit avancer main dans la main avec ses voisins et non animée d’une paranoïa incompréhensible.
Par ailleurs, la détermination de la CEDEAO contre le terrorisme et les coups d’Etat s’est illustrée dans la création d’une force chargée de lutter contre ces deux phénomènes qui pourrissent notre espace sous régional. Il va falloir maintenant travailler à son fonctionnement et lui donner les moyens d’être efficace et d’intervenir sur tous les théâtres d’Afrique de l’Ouest.
En tout état de cause, la fin de l’année est déterminante pour notre sous-région. La prise d’otage de nos soldats sera l’un des éléments qui permettront de mesurer le dynamisme de la CEDEAO et la volonté des autorités maliennes à reprendre le chemin de relations normales, apaisées. Il passe par la libération de nos soldats et l’accélération de la préparation de la future élection au Mali.
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