Fort heureusement, la Côte d’Ivoire semble avoir compris l’enjeu que représente la formation – tant initiale que continue – de son élite militaire. En témoigne la création de l’Ecole de Guerre de Zambakro en 2019 et le passage, l’an dernier de l’Ecole des Forces Armées (EFA) à Académie des Forces Armées (AFA). D’ailleurs, au-delà des mots, comment cette mue d’Ecole en Académie illustre concrètement les efforts dans l’amélioration de la qualité de nos armées ? Que retenir, à ce jour, de cette transformation ?
Le 1er juillet 2022, le drapeau de l’EFA retrouvait une place dans les archives militaires de notre pays. Le site de Zambakro, dernier site à l’accueillir – après Bouaké et l’académie des mers – est désormais celui de l’AFA.
D’un point de vue pédagogique, ce changement impose une formation militaire plus pointue, exigeante et adaptée aux défis de nos jours. Mais au-delà du tout militaire, l’Académie a pour mission de favoriser la réflexion stratégique et la connaissance des grands enjeux de ce monde. Ainsi, les stagiaires de l’Ecole d’Etat-Major reçoivent régulièrement des conférenciers issus du monde universitaire pour les entretenir sur des questions géopolitiques et économiques. Certes, ce n’est pas encore le niveau de l’Ecole de Guerre – et c’est normal – mais des notions importantes sont apprises aux officiers d’Etat-major.
Autre signal de cette mue, l’organisation du séminaire sur le commandement organisé par la direction de l’Académie. Intenses moments d’échanges entre monde académique et militaire, il permet de mobiliser des connaissances scientifiques dispensées par des universitaires pour améliorer l’art du commandement de nos chefs militaires. Ainsi, les 6 et 7 avril dernier, c’est autour du thème Armées – Nation – Tradition(s) que s’est tenu le séminaire. La plupart des universitaires invités ont tenté de montrer l’importance du lien armée-nation avant de mobiliser dans notre histoire – particulièrement celles des stratèges et résistants africains – de quoi à inspirer nos officiers.
L’encadrement militaire, profitant de chacune des conférences, à tenter de dégager les aptitudes et les mécanismes pour mieux commander tout en renforçant le lien armée-Nation. C’est une excellente chose à mettre au crédit de notre armée, du Chef d’Etat-major, du Gal Zana et du Colonel-major Mouho Jean-Christophe – directeur de l’Académie – et de ses collaborateurs tant militaires que civils. Non seulement, il faut pérenniser ce séminaire mais il va falloir pousser plus loin et faire de l’Académie un cadre de pensée et de productions stratégiques. Un colloque serait un bon pas dans ce sens.
Le chantier concerne aussi l’enseignement militaire. Un tour à Zambakro vous fera voir tout une série d’investissement dans ce sens. Zone de combats, terrains d’entrainement, stimulateur tactique, constructions de bâtiments, d’amphithéâtres autant de symbole des transformations qualitatives dans la formation de nos officiers.
Il est tout de même important d’insister sur la nécessité de poursuivre et de renforcer la dynamique à travers la poursuite des investissements et la prise en compte de meilleures conditions de travail et de vie de l’encadrement militaire de telles sortes que nos meilleurs officiers prennent plaisir à faire carrière dans la formation. Nous ne devons pas omettre que nos écoles militaires accueillent de nombreux stagiaires étrangers. Elles représentent donc nos armées et notre pays. La qualité de la formation, les conditions de travail et les infrastructures qui les composent vont donc au-delà de la simple question de la formation militaire pour rejoindre celle du rayonnement de notre pays.
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