Infrastructures en Afrique : la colonne vertébrale du développement économique

Publié le 19 oct. 2024 à 17:54

  • Infrastructures en Afrique : la colonne vertébrale du développement économique

L'Afrique de demain passera par le développement des infrastructures ! Il s’agit de la pierre angulaire de la transformation économique de notre continent. Elles constituent les artères par lesquelles circulent la vie économique de nos nations, permettant la croissance économique, la compétitivité et le progrès. En investissant dans des infrastructures robustes, nous ouvrons la voie à une vitalité économique soutenue et à un avenir plus prometteur pour nos nations.

Consolidons une croissance économique aujourd’hui volatile

L'Afrique est à un moment charnière de son histoire. Bien que le produit intérieur brut (PIB) du continent devrait croître de 3,8 % en 2024 et de 4,2 % en 2025, cette croissance reste fragile et inégale. Pour transformer ce potentiel en une réalité durable, nous devons combler le déficit infrastructurel qui freine notre développement. Les infrastructures jouent un rôle crucial dans le développement de l'Afrique, avec un accent particulier sur les systèmes énergétiques et de transport tels que les routes, les ports et les chemins de fer.

Ces développements infrastructurels sont essentiels pour réduire les coûts de production, rendant ainsi les économies africaines plus attractives pour les investisseurs étrangers. En investissant dans les infrastructures, nous pouvons augmenter la valeur de nos produits d'exportation, créer des opportunités d'emploi pour les jeunes dans les zones urbaines et, en fin de compte, améliorer la qualité de vie tout en favorisant une croissance durable et autosuffisante.

Il est également crucial d’investir dans les infrastructures digitales qui soutiendront l'économie de demain. La construction de réseaux de fibre optique et l'amélioration de l'accès à internet dans les zones rurales doivent être des priorités pour assurer une inclusion numérique à grande échelle.

Mobilisons les ressources et innovons pour un impact durable

Il est indispensable de mobiliser davantage de ressources afin de financer des projets structurants. La Banque africaine de Développement (BAD) doit augmenter les financements disponibles, en collaboration avec les institutions multilatérales de développement.

Le partenariat signé à l’occasion des Assemblées de printemps de la Banque mondiale et du FMI visant à connecter 300 millions d’Africains à l’électricité constitue l’une des réussites que nous devons renouveler. Ensemble, nous pouvons accroître notre capacité à soutenir des projets d'envergure qui transformeront le paysage économique africain.

Nous devrons également explorer des sources de financement innovantes, comme les green bonds et les social bonds, pour attirer des investissements durables et responsables.

L'innovation doit être au cœur de notre stratégie de développement infrastructurel. Les nouvelles technologies offrent des solutions efficaces et durables pour construire et maintenir nos infrastructures. Les énergies renouvelables peuvent jouer un rôle majeur dans l'électrification de nos zones rurales et urbaines, notamment grâce à des solutions décentralisées, réduisant notre dépendance aux énergies fossiles et améliorant notre résilience face aux changements climatiques.

Les technologies de construction durable peuvent aider à réduire les coûts et l'empreinte environnementale des nouveaux projets d'infrastructure, avec des matériaux durables et locaux.

Pour une croissance inclusive et une intégration africaine renforcée

Le développement des infrastructures doit également viser à réduire les inégalités et à promouvoir une croissance inclusive. Cela signifie investir dans des projets qui bénéficient directement aux populations les plus vulnérables, en améliorant l'accès à l'eau potable, aux services de santé et à l'éducation. La construction de logements abordables et l'amélioration des transports publics peuvent considérablement améliorer la qualité de vie dans nos villes en pleine expansion.

L’intégration régionale est un autre pilier essentiel du développement infrastructurel. La mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine nécessite des infrastructures robustes pour faciliter le commerce intrarégional.

Il sera indispensable également de surmonter les obstacles qui entravent encore la mobilité des biens et des personnes. Les difficultés administratives sur les axes routiers transfrontaliers, les exigences de visas restrictives et les barrières tarifaires non justifiées augmentent le coût des produits et services, contribuant à maintenir un niveau d’inflation artificiellement élevé dans nos économies. L'expansion des infrastructures énergétiques et de transport faciliterait une augmentation du commerce intra-africain, entraînant une réduction des coûts de transaction sur l'ensemble du continent.

Cela renforcerait l'attractivité de l'Afrique en tant que centre d'investissement pour les investisseurs locaux et internationaux. Les améliorations du commerce se traduiraient également par des prix plus bas pour les biens et services, car les chaînes d'approvisionnement agricoles et en intrants deviendraient plus efficaces.

Pour le futur de la BAD et du continent, transformons cette vision en actions concrètes. Nous avons le potentiel de transformer l'Afrique, de bâtir des nations prospères et de garantir un avenir durable pour nos générations futures.

Ensemble, en mobilisant nos ressources, en innovant et en intégrant nos marchés, nous pouvons faire des infrastructures la colonne vertébrale du développement économique en Afrique. C'est ainsi que nous assurerons une croissance durable, inclusive et résiliente pour notre continent.

Abbas Mahamat Tolli,

Ex-gouverneur de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC),

Candidat à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD)