Critique du titre "Plus haut" : Attention, Layo Roseline… (Christian Guéhi, critique d'art)

Publié le 1er nov. 2024 à 15:08

  • Critique du titre "Plus haut" : Attention, Layo Roseline… (Christian Guéhi, critique d'art)

Roseline Layo, artiste ivoirienne au talent reconnu, a fait un retour musical impressionnant avec son nouveau titre Plus haut, disponible depuis octobre 2024. Après son disque d’or, elle confirme sa place dans la musique ivoirienne et internationale, offrant à ses fans un titre de qualité. Cette critique explore la performance de Plus haut et évalue le clip qui l’accompagne, attestant du talent grandissant de Roseline Layo.

Roseline Layo, cette beauté, cette belle silhouette, cette voix chaude et sensationnelle sortie (née) le 21 décembre 1993 du ventre des 18 montagnes (Man) dans l’ouest de la Côte d’Ivoire est une artiste chanteuse, auteur-compositeur et interprète.  Très à l’aise avec le style musical zouglou et la musique de variété, cette Diva a su mettre, dès le début de sa carrière professionnelle en 2021, un baume aux cœurs des mélomanes africains. Si bien qu’elle attire toute suite Sony Music Afrique, un label avec lequel presque tous les artistes musiciens en Afrique noire rêvent de collaborer. Avec ce label, Layo explose avec le titre « Donnez-nous un peu » en 2021 sortie de l’album "Élu de Dieu". Un album avec lequel elle connaîtra une ascension fulgurante.

Dès cette ascension, Layo enchaîne des prestations sur les scènes nationales et internationales.  Puis arrive ce 11 Juin 2023 où elle reçoit son premier disque d’or à Paris en France. La suite est sensuelle, romantique avec le titre « Loulou », en 2024. Un titre en hommage à son époux (Gnahou David). Un mari sans pareil à la double casquette (manager et époux) qui sait fabriquer une star capable d’avoir des disques d’or. A ce disque d’or, s’ajoutent des récompenses et prix en 2023 parmi lesquels le prix de la ‘’meilleure artiste révélation de l'année au Trace Awards’’, le prix du meilleur "hit" avec Môgô Fariman au Primud et enfin le prix de la ‘’meilleure artiste variété urbaine’’ au Primud 2023. Des titres ‘’Donnez-nous un peu’’ (2021), ‘’kinoue’’ (2022), ‘’Joli garçon’’, ‘’Môgô Fariman’’ (2023) et ‘’Loulou’’ (2024), Layo a toujours été à la hauteur. Bref, à travers ce mini portrait, il s’agit d’introduire notre regard critique et mesurer le niveau de performance de l’artiste Roseline sur sa dernière production ‘’Plus haut’’.

Analyse du titre ‘’Plus haut’’

L’introduction du morceau ‘’Plus haut’’ de Layo par des chants d'oiseaux dans un calme absolu puis par une roulade des percussions avant l’entrée brusque de sa voix est magistrale. Avec cette entrée fracassante, Layo semble vouloir établir un ton et une émotion dès l’entame de sa musique. La mélodie et le refrain dutitre ‘’Plus haut’’ ‘ de Layo qui suivent, et soutenus par une tonalité majeure, sont simples car ils sont faciles à interpréter musicalement.  

Cette mélodie permet de mieux apprécier le refrain qui lui est un délice dans ce titre. La mélodie de ‘’Plus haut’’ et le refrain sont très expressifs car ils touchent à votre émotion lorsque vous les écoutez s’enchainer. Ce qui vous oblige à les réécouter avec plaisir surtout quand l’interprétation en langue yacouba prend forme dès l’entame. Ce qui est encore particulier dans ce duo ‘’Refrain - mélodie’’ dans ‘’Plus haut’’, c’est cet équilibre et cette fluidité. Layo arrive à établir un lien parfait entre les répétitions et les variations, entre les accords et les mélodies.

Cet arrangement musical permet à Roselyne une certaine liberté vocale très intéressante. Avec cette tonalité majeure (joyeuse et non mélancolique), Layo réussit à brandir son allégresse sur de belles transitions entre les notes. Dans ce contexte joyeux, Layo fait transcender sa voix chaude et le groove que cela dégage est un plaisir pour les oreilles. Ce timbre vocal si riche et chaleureux possède une expressivité excellente. Ce qui capte dans la voix de Roselyne, c’est sa profondeur et les nuances émotionnelles qu’elle dégage. Layo sait transmettre dans ses musiques des sentiments authentiques car elle-même est une âme authentique, vraie et joyeuse.

L’arrangement de ‘’Plus haut’’ est remarquable et réussit. L’harmonie est bonne. Les accords musicaux utilisés au niveau du piano, de la guitare sont parfaitement plaqués. Ce qui donne de la stabilité à sa mélodie de Layo. Ce qui est naturellement sensationnel pour celui qui l’écoute. Dans cette musique, les Intentions et tensions sont au rendez-vous. Oui, la progression des accords majeurs qu’elle utilise est très agréable à l’écoute. Ce qui lui donne beaucoup de couleurs répondant à plusieurs goûts.

L’utilisation des variantes dans ‘’Plus haut’’ enrichit fortement l’impact des accords musicaux utilisés dans le titre. En conclusion, cette harmonie telle qu’elle a été pensée sur ce morceau, stabilise les mélodies et les rend plus dépendantes. Un atout vocal que Layo a et qui attire toujours son public.

Le rythme et les tempos de cette musique voulus certainement par Layo sont parfois modérés, rapides, denses, lents. Pourquoi ? Parce que dans la plupart des cas, cela permet de varier l’énergie rythmique dans certaines musiques.  Ces choses-là, Layo les connaît. Et ici, c’est bien le cas avec ‘’Plus haut’’. Il me semble que dans cette composition de Plus Haut ‘’Layo’’ utilise des mesures binaires. C’est-à-dire 4 temps de pulsations. Ce qui est intéressant ici, c’est l’alternance entre les passages vifs, lents et les soupirs. Un peu comme le cycle de notre quotidien dans cette vie en société. Elle s’accélère, puis ralentit, et d’un coup, elle reprend son rythme.

Les instruments à cordes comme le piano, la guitare (instruments électro acoustique) et les instruments à membrane tendues comme la batterie et son ensemble joint à la percussion (tam-tam) ainsi que les instruments légers (hochets etc…), accompagnent la belle voix chaude et chaleureuse de Layo pour produire de l’émotion. Plus haut est un titre de qualité et une production soignée. Encore plus soigné que les ‘’Donnez-nous un peu (2021) ’’, ’’Kinoue (2022)’’, ou encore ‘’Joli garçon’’.

Que racontent les paroles du titre Plus haut ….

"Plus Haut" de Layo Roseline chanté en français et en langue yacouba est une chanson qui traite des thèmes de l’élévation, de l'inspiration et de la motivation. Il s’agit d’une certaine résilience, d’un dépassement de soi vis-à-vis des défis qui nous entourent. Layo semble avoir une histoire de vie réelle. En l’écoutant, vous sentez des marques comme si c’était un témoignage vécu qu’elle racontait avec le soutien des accords musicaux et ses belles mélodies.

Il ressort de ce texte des mots encourageants et surtout qui invitent à croire en ses rêves et à ne pas abandonner, même lorsque les obstacles se présentent.

Le titre "Plus haut" de Layo Roseline évoque plusieurs thématiques puissantes. D'une part, il suggère l'idée d'aspiration, de dépassement de soi et la quête de liberté. Les symboles qu’elle utilise dans ce clip le disent. Aussi, cette notion d'élévation peut se traduire tant sur le plan personnel que spirituel de Layo. Dans le clip, vous verrez cette élévation dès les premières images.

Le clip

Dans le clip de ‘’Plus Haut’’, le contexte est comme nous avons déjàindiqué l’élévation traduite tant sur le plan personnel que spirituel de Roselyne. Les thèmes de l’élévation sont très bien illustrés dans ce clip. Les images utilisées mettent en relief plusieurs facteurs qui montrent la grandeur de Layo et ses rêves, ses aspirations pour son prochain. Comme on le voit dans ce clip, à travers ce drone, le réalisateur Roland Gogo dessine des métaphores de vol et d'élévation pour symboliser l’ascension personnelle de Layo en montrant aussi l’impact de cette ascension sur ses proches en termes de solidarité.

Dans ce clip, Layo affiche une excellente performance du point de vue de la mise en scène orchestrée par le réalisateur Roland Gogo. Dans ce clip vidéo, les performances vocales, scéniques et les expressions corporelles sont en symbiose avec le contexte, la musique et le décor.  Le cadre est juste.   

La direction artistique de ce clip est impressionnante. Voire excellente. Le réalisateur de ce clip est un virtuose qui a réussi à matérialiser les émotions traduites par Layo à travers ses prises de vue et ses effets spéciaux. Le jeu de drone est excellent. La mise en relief de la culture traditionnelle, l’eau (cascade), la forêt sont des éléments artistiques impressionnants qui habillent ce clip autour de cette musique de Layo.

Ce clip commence avec une vue horizontale de la forêt. Une forêt dense dans laquelle nous sommes invités. Une immersion. Le premier contact visuel que cette forêt nous offre à travers la caméra est la cascade (de l’eau). Une cascade de très belle facture. En mettant en relief la beauté des cascades, de la forêt, Layo évoque la vie mais aussi la purification.

Roland Gogo à travers l’utilisation des images de l’eau traduit l’envie de renaissance prônée par Layo dans sa musique. En plongeant les mélomanes dans cette belle forêt avec tous ces attributs, Layo évoque un surpassement de soi, une invitation à aspirer à un lendemain meilleur par le travail. « Viser plus haut pour avoir le meilleur car seul l’effort permet d’atteindre le sommet », dit-on.

A travers les arbres dans cette forêt, ces images pourraient illustrer la stabilité. D’une volonté de stabilité dans la vie de toutes les communautés. A travers ses images, une mise en relief du tourisme captive. L’art traditionnel y est valorisé. C’est pourquoi Layo elle-même n’a jamais rompu avec sa tradition. Elle ne manque pas de mettre en relief la richesse des 18 montages d’une manière ou d’une autre.

A travers ses images d’arbres, Layo invite à la transformation. Une invitation à accepter le cycle de notre vie. Peu importe la manière et le statut que ce cycle nous impose.

La tenue majestueuse de Layo

Ce qui est encore majestueux dans ce clip, c’est bien l’habillement majestueux de Layo. Telle une reine dans son royaume. L’arbre au centre derrière elle dans les premières images, la cascade et le danseur traditionnel avec cet enfant offrent un tableau extraordinaire. Oui, l'utilisation des danseurs de couteaux de la tribu Yacouba en est une illustration. Les différents tableaux des costumes de Layo sont beaux. Sa coiffure naturelle et traditionnelle donne un éclair à ces beaux visages. Son sourire et ses mouvements dans l’eau et en dehors aux côtés de ses danseurs et danseuses sont des harmonies réussies captées par Roland avec virtuosité.  Le clip de ‘’Plus haut’’ est une réussite.

Analyse visuelle

L’esthétique dans ce clip de Layo est de très belle facture. A travers les couleurs froides comme le bleu (l’eau) et le vert (forêt), ce clip traduit par moment le calme et la sérénité. Cette sérénité est visible sur Layo. La paix, la tranquillité, la joie et la stabilité qu’elle dégage dans ce clip sont imposants. De l’autre côté, la couleur verte, la couleur de la forêt symbolise la vie, l’harmonie. Ces éléments ont été mis en scène avec beaucoup de qualité et de créativité. L’imaginaire de Roland Gogo est à féliciter.  

Les cadrages

Les cadrages dans ce clip aident Layo à raconter son récit. Les plans d’ensemble qui apparaissent montrent de très beaux panoramas mettant les scènes et le sujet principal qu’est Layo en valeur.  Les plans moyens eux étaient pour Layo traduisant son lien avec son environnement. Le cadrage rapproché utilisé par le réalisateur Roland donne plus en valeur et de détails à certains aspects voulus par Layo. C’est le cas avec l’identité culturelle traduite par les tenues traditionnelles et le masque. A travers un autre plan plongé le drone réalise une performance. Nous avons également vu des cadrages symétriques ou l’équilibre de toute cette scène était nécessaire.

Le bémol du clip de ‘’Plus Haut’’

Le bémol de plus haut de Layo se situe dans la présence d’un masque échassier de Man ou si voulez encore Guéhe-gblin. En raison de sa position dominante sur les échasses. Sa vue étendue est la parfaite matérialisation du concept ’’Plus haut’’. Aussi ce masque fascinant vient de la même ville de Layo et peut être considéré comme un protecteur des 18 montages, ville de naissance de Roselyne.

Concernant l’utilisation   du Zagrobi, Layo fait un choix. Il est vrai qu’il vient de la région de l’Ouest de la Côte d’Ivoire précisément chez les bétés. Logiquement la danse est particulièrement exécutée pendant les mariages par les femmes mariées. Elle est donc une réserve de femmes mariées même si aujourd’hui en majorité, il est fréquent de voir des hommes habiles sur les sons rythmés par les tam-tams.

Le clip aurait eu une encore très belle facture si l’utilisation des danseurs de couteaux de la tribu Yacouba avait été développée dans la suite du clip. Cela aurait été logique. La mise en relief des kaolins sur le corps de ce danseur traditionnel qui est source de lumière sont des éléments que Layo aurait pu exploiter.

Conclusion 

En conclusion, le clip ‘’Plus haut’’ est une réussite parce que le concept de créatif est original et attire l’attention et surtout correspond à l’idée artistique de Layo. Cette chanson captive le public par son contenu.

Les éléments visuels utilisés pour ce clip ont été de qualité et adaptés au besoin du contexte musical de Roselyne. La production de ce clip a été soignée.

La direction artistique est extraordinaire. Le décor, les costumes, la photographie sont de qualité et adaptés. Le montage est très réussi. Ce montage est dynamique car il colle à la musique, créant une véritable fluidité entre les différentes scènes de ce clip.  

Les éléments de ce clip, surtout les images, sont spectaculaires. Enfin la cohérence avec le clip et la musique est excellente.  

Attention Layo Roselyne vole vers le sommet de son art car ‘’Plus haut ‘’est un pas de géant posé dans l’univers des hits parades. La collaboration entre Layo et le réalisateur Roland Gogo à travers la ‘’Gogo Films’’ obtient la note de 8/10.