Dans un contexte où les réseaux sociaux et les plateformes numériques jouent un rôle croissant dans la diffusion de l'information, il devient crucial de comprendre cette menace et de mettre en place des dispositifs efficaces de fact-checking ou vérification des faits pour garantir un débat public basé sur des faits vérifiés et de la parole publique crédible.
Contexte socio-politique en Côte d'Ivoire : Un terreau fertile pour la désinformation
La Côte d'Ivoire, comme de nombreux pays africains, est souvent confrontée à des tensions socio-politiques en période électorale. À un an du scrutin présidentiel de 2025, les enjeux sont de taille pour les principaux acteurs politiques du pays. Les rivalités historiques, les clivages, ainsi que les préoccupations économiques et sociales, exacerbent les tensions.
Pour 2025, il est fort à parier que ces pratiques seront exacerbées avec l’usage massif des réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Tiktok et X.
Dans ce climat, les informations circulant dans l’espace public peuvent jouer un rôle déterminant sur l’issue des élections. Cependant, la propagation de fausses nouvelles, de rumeurs ou d'informations délibérément biaisées peut manipuler l'opinion publique. En 2020, lors des dernières élections, la désinformation avait déjà semé le doute sur la transparence du processus. Des fausses vidéos, des photos manipulées et des discours incitant à la violence ont circulé, contribuant à alimenter un climat de suspicion et de peur. Pour 2025, il est fort à parier que ces pratiques seront exacerbées avec l’usage massif des réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Tiktok et X.
Les cas de désinformation en période électorale
La désinformation en période électorale revêt plusieurs formes, toutes ayant pour objectif d'influencer indûment le comportement des électeurs ou de porter atteinte à la cohésion. On observe quelques exemples concrets de désinformation dans divers contextes électoraux.
- <b>Les fausses annonces de résultats</b> : Avant même la fin du dépouillement, certaines personnes ou médias diffusent des résultats erronés pour semer la confusion. Cela peut provoquer des réactions de colère ou des doutes sur l'intégrité du processus électoral. En 2020, de faux résultats avaient circulé sur les réseaux sociaux avant la proclamation officielle par la Commission électorale indépendante (CEI).
- <b>Les montages vidéos et photos manipulées</b> : Dans un contexte où les images ont un impact fort sur l'opinion, des vidéos ou photos sorties de leur contexte ou modifiées sont souvent utilisées pour déstabiliser des candidats ou amplifier des rumeurs. Un exemple marquant est celui d'une vidéo montrant une prétendue fraude électorale, alors qu'il s'agissait d'une scène sans rapport avec l'élection en cours, ayant circulé en ligne lors d’élections dans plusieurs pays africains.
- <b>Les fausses informations sur les candidats</b> : Durant les périodes électorales, des rumeurs sur la santé, la moralité ou les actions passées des candidats sont diffusées pour ternir leur réputation.
- <b>Les discours haineux</b> : La désinformation va souvent de pair avec des discours de haine visant à polariser la société et à attiser les divisions ethniques, régionales ou religieuses. En Côte d'Ivoire, où la question ethnique ou religieuse reste sensible, ces discours peuvent conduire à des violences, comme ce fut le cas lors des élections de 2010 et 2020.
Un dispositif de fact-checking à mettre en place : une nécessité urgente
Face à la menace de désinformation, il est essentiel de mettre en place un dispositif solide de fact-checking (vérification des faits) pour préserver l'intégrité du processus électoral. Voici les principales mesures à envisager :
- <b>Renforcer la formation des journalistes et des médias</b> : Les journalistes doivent être formés aux techniques de vérification des informations et des images, particulièrement celles issues des réseaux sociaux. Des partenariats avec des organismes internationaux spécialisés dans le fact-checking, comme <b>Africa Check</b>, pourraient renforcer cette capacité. Les médias doivent également adopter une charte éthique stricte en période électorale.
- <b>Créer une plateforme de fact-checking indépendante</b> : Une plateforme nationale dédiée à la vérification des informations pourrait être mise en place. Elle serait chargée de contrôler les informations circulant sur les réseaux sociaux et dans les médias, en signalant les fausses nouvelles. Cette initiative pourrait être gérée par des journalistes expérimentés et des experts des technologies de l'information, avec l’appui de la société civile.
- <b>Collaborer avec les plateformes numériques</b> : Les géants des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, TikTok et WhatsApp devraient être sollicités pour mettre en place des mécanismes de modération spécifiques pour l’élection ivoirienne. Des algorithmes de détection des fausses nouvelles, des options de signalement des contenus douteux, ainsi que des restrictions sur la propagation de messages viraux (comme cela a été fait au Nigeria et au Kenya) doivent être envisagés.
- <b>Sensibiliser la population à l’esprit critique</b> : Une campagne nationale d’éducation aux médias devrait être lancée pour aider les citoyens à développer leur esprit critique face aux informations qu’ils reçoivent. En période électorale, les citoyens doivent être capables de distinguer les informations fiables des rumeurs ou manipulations.
- <b>Impliquer les institutions officielles</b> : La Commission électorale indépendante (CEI), en collaboration avec les ministères concernés, doit prendre des mesures pour communiquer de manière rapide et transparente sur les résultats électoraux et les rumeurs de fraude. Cela permettra de contrer immédiatement toute tentative de manipulation de l'information.
En conclusion, la désinformation est l’un des principaux défis auxquels la Côte d'Ivoire doit faire face à l'approche de la présidentielle de 2025. Pour préserver la transparence et la crédibilité du processus électoral, il est essentiel de mettre en place des dispositifs de fact-checking robustes, d'éduquer la population et de renforcer la collaboration entre médias, institutions publiques et plateformes numériques. Le respect de ces mesures garantira un climat électoral apaisé, basé sur la vérité et la confiance dans les institutions.
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