Cris de joie, torrents de pleurs, la jeune femme de 24 ans inonde depuis plusieurs années les réseaux sociaux d'instantanés de sa vie avec son mari et leurs deux enfants en bas âge.
Kenza Benchrif, de son vrai nom, s'est fait connaître sur Snapchat, où elle dénombrait 1,6 million d'abonnés avant la suspension de son compte l'année dernière. Elle a depuis migré sur TikTok (1,2 million d'abonnés), Instagram (1,1 million) et YouTube (192.000).
Une des raisons de son succès est "l'ultra-fréquence à laquelle elle crée du contenu", explique à l'AFP Anaïs Loubère, directrice de l'agence de communication Digital Pipelettes.
La force de cette Rouennaise d'origine marocaine, installée à Dubaï (Emirats arabes unis) depuis un an, repose sur le fait de "distiller régulièrement son quotidien avec de l'émotion qui se veut authentique", décrypte Catherine Lejealle, sociologue et chercheuse à l'Institut supérieur de commerce de Paris.
"Elle se positionne comme la bonne copine" et cultive "l'image de la fille ordinaire à la vie extraordinaire", précise Anaïs Loubère.
Poupette Kenza incarne ainsi le rêve dubaïote, tout en le rendant accessible en abordant dans ses vidéos des sujets lambda, comme le couple ou la parentalité, auxquels tout le monde peut s'identifier, analyse l'experte.
Elle parle aussi beaucoup de religion, permettant "à toute une communauté de femmes musulmanes nouvelle génération" de se retrouver en elle.
Le tout accompagné "d'une vraie stratégie de marque autour d'elle-même", ajoute Anaïs Loubère. "On voit très clairement qu'elle s'appuie sur les leviers de succès des stars de la télé-réalité".
- Feuilleton judiciaire -
Une "success story" qui connaît toutefois son lot de scandales et démêlés avec la justice.
En février 2023, Poupette Kenza est brièvement placée en garde à vue pour des soupçons de négligence à la suite de l'hospitalisation de son fils âgé de moins d'un an.
La jeune mère est régulièrement accusée de maltraitance envers ses enfants, des internautes pointant des vidéos où elle se filme et marche sur la main de sa fille par inadvertance ou d'autres où elle cuisine un couteau à la main et son fils dans les bras.
Deux députés Renaissance, Bruno Studer et Sarah Tanzilli, vont jusqu'à saisir le procureur de Rouen en mai 2023 pour diffusion d'images de ses enfants "s'apparentant à de la pédopornographie", selon eux.
En novembre 2023, la star des réseaux écope d'une amende de 50.000 euros de la Répression des fraudes pour avoir fait la promotion d'un blanchisseur de dents interdit à la vente en France.
Poupette Kenza fait à nouveau polémique en mai, pour avoir tenu des propos considérés comme antisémites sur Instagram. La Dilcrah, instance gouvernementale de lutte contre les discriminations, saisit le procureur de la République.
La justice la rattrape encore début juillet. De passage en France, elle est interpellée et placée en détention provisoire pour tentative d'extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs.
La jeune femme enceinte de son troisième enfant a été remise en liberté jeudi après quatre mois de détention. Une grossesse qui "a très probablement permis" que sa remise en liberté soit examinée "un peu plus vite", selon son avocat Me Kalfon.
Son compagnon a aussi été mis en examen et incarcéré pour les mêmes faits en septembre.
Un épisode carcéral qui ne nuira pas forcément à la carrière de l'influenceuse, estime Anaïs Loubère.
"Quand Nabilla a été accusée d'avoir poignardé son compagnon et qu'elle a fait de la garde à vue, elle n'a jamais autant fait d'audimat", rappelle-t-elle. L'ex-star de la télé-réalité, très populaire sur les réseaux sociaux, a été condamnée en 2016 à deux ans de prison dont 6 mois ferme pour ces faits. "Après ça, elle a continué à aller sur les podiums".
Et l'experte de conclure: "Je pense que la communauté de Poupette Kenza est prête à continuer à la suivre malgré une tentative d'extorsion mais pas pour des faits avérés de maltraitance sur les enfants".
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