"Nous ne pouvons pas brader le peu du patrimoine foncier qui nous reste", prévient Eric Bouady, adjoint au chef du village de Petit Bassam

Publié le 5 oct. 2024 à 19:02

  • "Nous ne pouvons pas brader le peu du patrimoine foncier qui nous reste", prévient Eric Bouady, adjoint au chef du village de Petit Bassam

Crédit Photo: Frédéric Goré-Bi

La seconde journée de la 3è édition du Tchanfêto Festival (pour la promotion de la culture Atchan), qui se tient du vendredi 4 au samedi 5 octobre, à Anono village (Cocody), a été marquée par un panel dont le thème : "la préservation du patrimoine foncier villageois".

Le chef adjoint du village d’Abia Gnambo (Petit Bassam-Port Bouët), Eric Bouady, a indiqué que les terres des Tchamans ont été pour plusieurs raisons.

 Il y a l’urbanisation grandissante, les politiques publiques et la volonté de certains propriétaires terriens de vendre leurs biens fonciers ou immobiliers.

Cependant, bien qu’il y ait encore, pour certains villages, du patrimoine foncier, il faut, selon lui, penser à une gestion du peu qu’il reste.

"Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous permettre de brader le peu qu’il nous reste. Si nous voulons survivre, il nous faut une gestion communautaire des terres", a-t-il exhorté.

Paneliste et chef adjoint du village de Petit Bassam, Eric Bouady a invité ses pairs chefs de villages et tout le peuple Tchaman à cette réflexion :  "Qu’est-ce qu’il faut faire du peu qui nous reste ? Comment le fructifier et permettre qu’il puisse porter du fruit ? Comment le mettre en valeur ?  Il y a lieu de repenser l’urbanisation de nos villages si nous voulons préserver le peu qui nous reste".

 "Il y a des lois qui existent pour les peuples qui habitent dans les zones urbaines. Est-ce que cela est fait pour nous aujourd’hui ? Je ne pense pas. Il faut vraiment que notre voix porte pour que nous soyons entendus de tous.  Et que le Gouvernement se tourne et écoute nos complaintes", a-t-il exprimé comme plaidoyer.

Le second intervenant, Andoh Mobio, Spécialiste en droit foncier et immobilier, a soutenu, pour sa part, la nécessité de faire l’inventaire du foncier des Tchamans restant et les stratégies pour le préserver les terres qui existent.

Spécialiste de la question, Ila relevé le fait que l’une de leurs difficultés dans la gestion du patrimoine foncier des Ebrié, c’est l’entente stratégique et la mutualisation de leurs actions.

Dans sa démarche argumentative, il a proposé l’évaluation des terres des villages Ebrié se référant à celles d’Anono qui est un impératif pour lui.

Juriste de profession et natif d’une mère Atchan,Andoh Mobio, a multiplié les propositions telles que l’installation d’un guichet foncier par la chefferie Tchaman, une mutuelle villageoise qui regroupe la chefferie au pouvoir pour faciliter l’acquisition des titres fonciers, l’aménagement foncier  pour le lotissement de tous leurs villages.

Notons que certaines contributions ont interpellé l’auditoire et le peuple Atchan sur les besoins de sécurisation au préalable des terres.

Cela passe inéluctablement par une éducation de la population et la synergie de tous les chefs de village pour la gestion des terres qui leur reste en fonction de l’évolution du district autonome d’Abidjan.

En définitive, il faut retenir que l’épineux problème des terres fait partie des besoins existentiels des peuples Tchamans a savoir l’inadéquation entre l’ordre ancien et la nouvelle génération, le pouvoir foncier et la décision du politique.

Il convient de rappeler que la 3è édition du Tchanfêto Festival a été jumelée au Djaka Festival (Promotion des arts et de la culture Dida) avec plusieurs articulations et innovations.

Le programme de cette année a permis aux festivaliers de bénéficier d’un village pour enfants dénommé : Tchanfêto Mio, un concours de beauté traditionnelle (Awoulaba), Miss Tchanfêto Intellect, la récompense aux meilleurs élèves des classes de CM2, 3è et Terminale, les prix spéciaux.

Le Tchanfêto 2024 a été marqué également par des dons de matériels médicaux aux centre de santé d’Anono, à la chefferie et le financement des activités génératrices de revenus des femmes.

"Un peuple qui oublie son histoire, ses origines, les us et coutumes des ses pères et mères est semblable à un véhicule sans moteur", dixit Alphonse Abotcha, Commissaire général de cet événement.