Après des semaines de rebondissements, l'entrepreneur a répondu à de nombreuses questions lors d'une vidéoconférence relayée notamment par le New York Times et l'agence Bloomberg, via des sources anonymes.
Le multimilliardaire a répété qu'il ambitionnait d'atteindre un milliard d'utilisateurs et de diversifier les sources de revenus. Mais il n'a pas clarifié à quel point il était déterminé, ou non, à racheter Twitter.
Depuis la révélation d'une première prise de participation au capital, début avril, il a envoyé de nombreux signaux contradictoires sur ce dossier, à coup de tweets souvent critiques et parfois agressifs à l'égard de la plateforme où il est suivi par plus de 98 millions d'utilisateurs.
Jeudi il a fait part de sa passion pour le réseau social, son moyen d'expression préféré. Mais il n'est pas satisfait par les résultats financiers de l'entreprise et a cité en exemple le succès d'applications qui appartiennent à des groupes chinois, TikTok et WeChat.
"En ce moment, les coûts dépassent les revenus. Ce n'est pas une super situation", a-t-il dit, d'après les deux organisations de presse.
Il voudrait que la plateforme soit utilisée par un milliard de personnes. Twitter comptait 229 millions d'utilisateurs actifs dits "monétisables", c'est-à-dire pouvant être exposés à de la publicité sur la plateforme, au premier trimestre de cette année.
"Si Musk veut que Twitter soit moins 'ennuyeux' et plus comme TikTok, cela pourrait signifier une transition majeure vers la vidéo (...) un peu comme les autres réseaux qui ont copié" le format de vidéos courtes et captivantes, a réagi l'analyste Jasmine Enberg d'Insider Intelligence.
- "Modéré" -
Les employés ont principalement interrogé Elon Musk sur sa vision politique et sur ses intentions en termes de culture d'entreprise et de conditions de travail.
En avril, il avait affirmé que sa priorité n'était pas la rentabilité mais la défense de la liberté d'expression.
Il a de nouveau souligné l'importance à ses yeux d'une modération des contenus moins stricte, dans les limites définies par la loi. Sa conception se heurte à celle de nombreux employés de Twitter, d'associations et d'élus démocrates, qui demandent au contraire aux réseaux sociaux de mieux lutter contre les discours haineux, le harcèlement et la désinformation.
Elon Musk, qui a tweeté mercredi qu'il penchait pour le gouverneur républicain ultra-conservateur de Floride, Ron DeSantis, pour l'élection présidentielle de 2024, s'est défini jeudi comme un "modéré" en politique.
Il a estimé, dans le passé, que Twitter était "politiquement orienté à gauche", car basé à San Francisco, et devrait être "plus impartial".
- Performances -
Son intervention survient quelques jours après qu'il a exigé des employés de Tesla qu'ils effectuent au moins 40 heures de travail hebdomadaires en présentiel, faute de quoi ils perdraient leur emploi.
Un discours qui tranche avec celui des dirigeants actuels de Twitter, qui se sont engagés à permettre aux 7.500 salariés de travailler entièrement à distance.
Elon Musk est resté vague sur ce sujet. D'après le New York Times, il a reconnu que les employés du réseau font un travail différent de ceux qui conçoivent et assemblent des voitures, mais a réaffirmé sa préférence pour le présentiel.
Concernant son rôle, il a indiqué vouloir peser dans les orientations stratégiques et l'amélioration des produits. Il n'a pas précisé s'il comptait licencier des salariés, mais a évoqué la prise en compte des performances.
La réunion a mis en évidence "le contraste entre la culture de Musk et l'ADN de Twitter", a remarqué l'analyste Dan Ives de Wedbush.
- Doutes -
L'homme le plus riche au monde agace aussi des employés de SpaceX, sa société d'exploration spatiale.
Plusieurs d'entre eux lui reprochent son comportement dans la sphère publique, "source de distraction et de honte", et appellent l'entreprise à "condamner publiquement" sa façon de tweeter, dans une lettre qui doit être remise au président de SpaceX, d'après le site spécialisé The Verge.
A la Bourse, le cours de Twitter demeure très inférieur (30% de moins) au prix proposé, mi-avril, par Elon Musk, signe que Wall Street n'est pas encore convaincue.
Le dirigeant d'origine sud-africaine s'est assuré du soutien de plusieurs grandes fortunes et sociétés d'investissement pour parvenir aux 44 milliards de dollars que doit coûter ce rachat.
Mais le bouillant entrepreneur a aussi menacé de retirer son offre à cause du nombre de faux comptes sur le réseau, trop important à son avis.
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