D'ici l'automne 2024, une série d'appareils rechargeables par câble - téléphones mobiles, tablettes, liseuses électroniques, casques, appareils photo numériques, consoles de jeux vidéo portables, enceintes portatives...- devront être équipés d'un port USB-C pour être vendus dans l'UE, quel que soit le fabricant.
Les ordinateurs portables seront soumis à la même exigence d'un chargeur unique d'ici le printemps 2026. L'accord politique conclu mardi, après de longues négociations, sera formellement approuvé après l'été par le Parlement européen et le Conseil, instance représentant les Etats.
Le texte ouvre également la voie à une future standardisation des technologies de chargement sans fil, actuellement en plein essor.
"Les consommateurs n'auront plus besoin d'un dispositif et d'un câble de chargement différents à chaque fois qu'ils achètent un nouvel appareil, ils pourront utiliser un seul chargeur pour tous leurs appareils électroniques de petite et moyenne taille", éliminant des accessoires inutiles, explique le Parlement.
Le texte prévoit que la vitesse de charge soit harmonisée pour les appareils autorisant la charge rapide, afin d'éviter qu'elle soit bridée en cas d'utilisation d'un chargeur d'une marque différente. L'étiquetage sera amélioré pour mieux informer les consommateurs, qui pourront acheter un appareil avec ou sans chargeur.
Cette réglementation pourrait permettre aux consommateurs européens -qui dépensent 2,4 milliards d'euros par an pour des achats de chargeurs seuls- d'économiser au moins 250 millions d'euros annuellement, selon la Commission européenne. Les déchets de chargeurs non utilisés, évalués à 11.000 tonnes par an, pourraient être réduits de presque 1.000 tonnes.
-Innovation "étouffée"?-
Ce projet avait été lancé dès 2009 par la Commission, mais il s'était longtemps heurté aux résistances de l'industrie.
Pour autant, le nombre de types de chargeurs existants s'est fortement réduit au fil des ans. D'une trentaine en 2009, ils sont passés à trois: le connecteur Micro USB qui a longtemps équipé la majorité des téléphones, l'USB-C, une connexion plus récente, et la technologie de chargement Lightning d'Apple.
Le groupe californien, qui fait valoir que Lightning équipe plus d'un milliard d'appareils dans le monde, a constamment manifesté son opposition, estimant que le texte européen "étouffera l'innovation", et coupera l'UE -soumise à un choix de normes "obsolètes"- du reste du monde.
En mettant hors-jeu une partie des chargeurs et smartphones en circulation, Bruxelles "imposera des pertes importantes aux fabricants, réduira le choix des consommateurs et génèrera des déchets électroniques" supplémentaires, a insisté Apple mardi.
"Disons-le clairement: si Apple veut commercialiser ses produits (en Europe), il faudra respecter nos règles (...) Il faut penser à l'environnement", a répliqué le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton.
-"Préparer l'avenir"-
"Alors que les systèmes de recharge enfermaient les consommateurs dans une marque et nous obligeaient à cumuler des câbles au prix de nos porte-monnaies et des ressources naturelles, c'est un point d'arrêt aux plus récalcitrants", abonde l'eurodéputé David Cormand (Verts).
Son homologue Geoffroy Didier (PPE, droite) salue le "volontarisme" de l'UE face aux "gaspillages indécents dictés par les intérêts commerciaux de quelques groupes industriels".
L'association ANEC, qui défend les droits des consommateurs sur les questions liées aux normes technologiques, a salué "un accord" qui "simplifie la jungle d'options jusqu'ici infligée aux consommateurs".
L'ANEC avait déploré que le projet initial ne concerne pas les systèmes de chargement sans fil mais l'accord final inclut des dispositions pour déterminer un standard commun sur ce créneau en passe de devenir majoritaire d'ici quelques années.
Le texte adopté "prépare l'avenir (...) de sorte à ne pas adopter une législation sur une technologie déjà en train de disparaître", a assuré l'eurodéputé Alex Agius Saliba (S&D, sociaux-démocrates), rapporteur du texte.
Ainsi, à mesure que la technologie sans fil se répand, la Commission sera ainsi habilitée à élaborer des "actes délégués sur l'interopérabilité des solutions de recharge", c'est-à-dire des réglementations pouvant s'appliquer directement sans être soumises à un vote au Conseil ou au Parlement européen.
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