Microsoft, qui a investi des milliards de dollars dans la start-up, a annoncé dans la foulée avoir intégré GPT-4 à Bing, son moteur de recherche déjà doté de fonctionnalités de ChatGPT depuis un mois.
"GPT-4 est un grand modèle multimédia, moins doué que les humains dans de nombreux scénarios de la vie réelle, mais aussi performant que les humains dans de nombreux contextes professionnels et académiques", a indiqué OpenAI dans un communiqué.
"Par exemple, il réussit l'examen pour devenir avocat avec un score aussi bon que les meilleurs 10%. La version précédente, GPT 3.5, était au niveau des 10% les moins bons", a-t-elle précisé.
ChatGPT suscite beaucoup d'enthousiasme, mais aussi de polémiques, depuis qu'il est en accès libre et utilisé par des millions de personnes dans le monde pour écrire des dissertations, des lignes de code, des publicités ou encore simplement pour tester ses capacités.
OpenAI s'est ainsi imposé comme le leader de l'intelligence artificielle (IA) générative avec ses programmes produisant des textes ou, comme DALL-E, des images.
Son patron, Sam Altman, a récemment expliqué travailler désormais vers l'intelligence artificielle dite "générale", c'est-à-dire des programmes dotés de capacités cognitives humaines.
- Multimédia -
"Notre mission est d'assurer que l'IA générale -- des systèmes d'IA plus intelligents que les humains en général -- bénéficie à toute l'humanité", a-t-il assuré sur le blog de l'entreprise le 24 février.
Les capacités multimédia de GPT-4 constituent un pas dans cette direction.
Contrairement aux versions précédentes, le nouveau modèle est en effet équipé de la vision: il peut traiter du texte mais aussi des images. Il ne génère en revanche que du texte.
Il va être disponible sur ChatGPT, mais sans la possibilité de lui fournir des images pour l'instant.
"La puissance de l'algorithme va augmenter, mais ce n'est pas une deuxième révolution", a commenté Robert Vesoul, PDG de l'entreprise française Illuin Technology. "On n'est pas passé de la Lune à Mars."
Jim Fan, un spécialiste de l'IA passé par Google et OpenAI, et désormais chez Nvidia, s'est montré plus impressionné.
"GPT-4 peut désormais postuler pour étudier à Stanford (une prestigieuse université américaine, ndlr). Sa capacité à raisonner c'est du JAMAIS-VU!", a-t-il tweeté, admettant avoir reçu de moins bons résultats à certains examens que le modèle.
L'engouement pour ChatGPT a lancé une course à l'IA générative la plus performante et la plus utile entre les entreprises technologiques.
Microsoft a ajouté des outils conçus à partir des modèles de langage d'OpenAI sur Bing mais aussi sur d'autres plateformes, des logiciels de bureautique à son navigateur, Edge.
Google a lancé Bard, un concurrent à ChatGPT.
- Couacs et hallucinations -
Google a en outre dévoilé mardi de nouvelles fonctionnalités qui vont permettre aux utilisateurs de Gmail, Google Docs et Google Cloud, entre autres, de générer des emails, des campagnes publicitaires et d'autres documents.
Le réseau social Snapchat et des applications de commerce en ligne ont eux ajouté des chatbots de cette nouvelle génération.
Ces déploiements rapides ont donné lieu à de nombreux couacs, d'une publicité pour Bard avec des erreurs factuelles à Bing qui déclare sa flamme à un journaliste du New York Times.
"Malgré ses capacités, GPT-4 a des limites similaires aux modèles précédents", a souligné OpenAI. "Il n'est pas encore totalement fiable (il +hallucine+, invente des choses et fait des erreurs de raisonnement)."
L'entreprise a annoncé avoir engagé plus de 50 experts pour évaluer les nouveaux dangers qui pourraient émerger, pour la cybersécurité par exemple, en plus des risques déjà connus (génération de conseils dangereux, code informatique défectueux, fausses informations, etc.).
Leurs retours et analyses doivent permettre d'améliorer le modèle. "Nous avons notamment récolté des données supplémentaires pour nous assurer que GPT-4 refuse les requêtes d'utilisateurs sur la fabrication de produits chimiques dangereux."
Dans l'immédiat, l'IA générative inquiète de nombreuses professions intellectuelles et créatives, qui s'imaginent déjà réduites au rôle de gestion des chatbots pour en tirer les meilleurs textes et images.
"Que va-t-il rester aux humains?", a tweeté Elon Musk, un des entrepreneurs qui craignent que l'intelligence artificielle ne prenne un jour le contrôle des humains.
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